Oméga 3 : l'Inra vous explique pourquoi notre cerveau en a besoin !

Oméga 3, oméga 6 : comment agissent les acides gras polyinsaturés (AGPI) sur le cerveau ? L’Inra et Richard Bazinet, professeur à l'Université de Toronto (Canada) font un point sur l'état des connaissances scientifiques et médicales du fonctionnement de ces AGPI dans le cerveau normal et pathologique.


Oméga 3 : l'Inra vous explique pourquoi notre cerveau en a besoin !
Thon, sardine, maquereau et tous les poissons gras en général mais aussi les huiles de noix, de soja, etc. sont les principales sources d'oméga 3 (AGPI). Dans le cerveau, les principales formes d'AGPI sont l'acide docosahéxaénoïque (DHA) pour la famille oméga 3 et l'acide arachidonique (AA) pour la famille oméga 6. Si le DHA et le AA sont peu utilisés comme source d'énergie dans le cerveau, ces lipides et leurs dérivés sont impliqués dans un certain nombre de processus comme la neurotransmission, la survie des cellules, la neuro-inflammation et par conséquent agissent sur l'humeur et la cognition.
 
Chez l'animal de laboratoire, une carence en oméga 3 pendant le développement embryonnaire et la période de lactation altère le système immunitaire cérébral et la plasticité du cerveau. C'est ce que révèlent pour la première fois dans une récente étude des chercheurs de l'Inra (Université de Bordeaux). Au cours du développement, le rôle des AGPI est particulièrement important du fait de leur agrégation dans les membranes des cellules du cerveau. Cependant, leur entrée dans le cerveau devant rester constante pour éviter les carences, les apports nutritionnels doivent rester appropriés à la fois au cours du développement et à l'âge adulte.
 
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En 2012, les chercheurs de l'Inra et de l'Université de Bordeaux ont montré chez des souris âgées  qu'un régime enrichi en DHA dans le cerveau réduisait la neuro-inflammation et la survenue de troubles cognitifs (comme la perte de mémoire). Plus récemment, les chercheurs de l'unité NutriNeuro ont conforté ces observations à l'aide d'un modèle de souris transgéniques présentant des taux endogènes d'oméga 3 plus élevés dans le cerveau. En provoquant une neuro-inflammation, ils ont montré que les souris transgéniques présentaient des performances cognitives normales ainsi qu'une plasticité neuronale préservée, à l'inverse des souris témoins.
 
Quel est le rôle et l'implication des AGPI dans les pathologies neuropsychiatriques et neurodégénératives ? De nombreuses données chez l'homme associent une diminution des taux sanguins et cérébraux des oméga 3 à la dépression, la schizophrénie ou à la maladie d'Alzheimer. Des travaux récents menés par les chercheurs de l'unité NutriNeuro décryptent chez la souris comment des apports alimentaires déséquilibrés perturbent leur comportement émotionnel. Les scientifiques  démontrent qu'une carence en oméga 3 conduit à un état de stress chronique et au développement de comportement de type anxieux.
 
Leurs résultats montrent également le rôle d'un régime riche en oméga 3 pour prévenir l'apparition de la dépression. Des observations qui sont concordantes avec des essais cliniques menés avec des supplémentations alimentaires en oméga 3 qui révèlent une amélioration de l'efficacité de certains traitements médicamenteux, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives thérapeutiques. L'ensemble de ces recherches visent à déterminer l'apport nutritionnel en oméga 3 adapté au fonctionnement optimum du cerveau et sa protection, notamment face à des évènements neuropathologiques. Cette synthèse a été publiée dans la revue scientifique Nature Reviews Neuroscience le 12 novembre 2014.

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Publié le 26/11/2014 à 13:45 | Lu 1344 fois