ONU : examen des différents programmes d’action en faveur des personnes âgées (partie 1)

La Commission du développement social (CDS) a récemment organisé, dans le cadre d’une table ronde, un examen des plans et programmes d’action des organismes des Nations Unies concernant la situation des personnes âgées dans le monde. En voici les grandes lignes…





Paurina Mpariwa, ministre du travail et des services sociaux du Zimbabwe, a fait le point sur les initiatives lancées en Afrique pour soutenir les personnes âgées. Elle a précisé qu’au niveau du continent, l’Union africaine avait lancé plusieurs initiatives pour assurer la protection des personnes âgées et qu’un projet de protocole sur les droits des personnes du troisième âge en Afrique avait également été élaboré.

Les gouvernements ont aussi été appelés à intégrer la question du vieillissement dans leurs politiques sociales, a-t-elle dit. Mme Mpariwa a ensuite indiqué que le Zimbabwe avait adopté, en 2012, une loi qui renforce la participation à la vie sociale des personnes âgées grâce à la création d’un Conseil national pour les personnes âgées.

Ces dernières ont également droit à des subventions et ont accès à un certain nombre de services. Parlant de l’Éthiopie, Mme Mpariwa a déclaré que ce pays a mis en place une politique de bien-être général qui cible les groupes de population les plus vulnérables. Divers programmes de soutien aux personnes âgées, notamment des réseaux de protection sociale, ont été lancés dans plusieurs pays d’Afrique avec l’aide d’organisations internationales, a poursuivi la Ministre zimbabwéenne.

Elle a ensuite fait savoir que 67% des foyers de son pays dépendent d’une personne âgée et que le Gouvernement zimbabwéen a de ce fait développé un programme d’allocation de fonds aux familles. L’Ouganda et l’Afrique du Sud ont également adopté une législation à l’intention spécifique des personnes âgées, a-t-elle indiqué. Elle a ajouté qu’en Afrique, la plupart des personnes âgées n’ont pas de retraites à proprement parler et continuent de travailler, en grande majorité, dans le secteur informel, jusqu’à un âge très avancé.

La ministre a aussi fait observer que les femmes âgées se trouvent dans une situation plus difficile que les hommes du même âge, et sont souvent les premières à devoir assurer les soins de leurs enfants ou petits-enfants atteints du VIH/sida. Les gouvernements commencent enfin à reconnaître l’importance d’adopter des politiques de prestation de soins destinés aux personnes âgées, mais ils doivent faire davantage pour les rendre conformes au Plan d’action de Madrid, a souligné Mme Mpariwa.

Rudolf Hundstorfer, ministre du travail, des affaires sociales et de la protection des consommateurs de l’Autriche, a fait le point sur la troisième Conférence ministérielle de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (UNECE) sur le vieillissement, qui s’est déroulée en septembre dernier, à Vienne, autour du thème « Assurer l’avènement d’une société pour tous les âges : la promotion de la qualité de vie et d’un vieillissement actif », et qui a débouché sur l’adoption d’une Déclaration ministérielle.

Il a précisé que les thèmes prioritaires de cette Conférence avaient été la promotion d’une vie active plus longue ; la participation, la non-discrimination et l’inclusion sociale des personnes âgées; la création d’un environnement propice à la santé, à l’indépendance et à un vieillissement digne et, enfin, la promotion du dialogue intergénérationnel et de la solidarité entre les générations.

Le ministre autrichien a évoqué les changements structurels d’envergure que connaissent certaines sociétés du fait du vieillissement de leur population. Le marché du travail doit être en mesure d’accueillir un nombre plus important de travailleurs âgés, et le droit au travail des personnes âgées doit susciter un changement de perspective tant chez les employeurs que chez les employés, a-t-il estimé. Les capacités, l’expérience et la sagesse des personnes âgées sont des outils puissants pour le développement, a-t-il estimé. Il a aussi précisé que la Déclaration ministérielle engage les États membres de l’UNECE à créer des lieux de travail ouverts aux personnes âgées et a ensuite indiqué qu’au lieu de promouvoir la retraite précoce, l’Autriche favorise à présent la réhabilitation et l’établissement de lieux de travail « sains ».

Les États membres de l’UNECE ont également reconnu l’importance de la gériatrique et de la gérontologie, a déclaré M. Hundstorfer en préconisant qu’une attention notable soit accordée à la prévention, au diagnostic précoce, et aux services de soins, notamment pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence. « Il est essentiel d’élargir l’éventail des services de soins pour répondre à la demande croissante en matière de soins à long terme », a-t-il souligné. « Il faut aussi aider les personnes qui s’occupent d’un membre de leur famille à réconcilier leurs responsabilités professionnelles et familiales. Des mesures de promotion de la santé s’imposent également dans le but de réduire la probabilité de certaines maladies et handicaps, et de promouvoir la santé physique et mentale ainsi qu’une vie indépendante », a-t-il ajouté.

En ce qui concerne le renforcement de la solidarité intergénérationnelle, le ministre du travail de l’Autriche a appelé à la mise en œuvre de stratégies durables qui prennent en compte les besoins et les capacités des générations actuelles et à venir. « Afin d’intégrer toutes les générations au marché de l’emploi, a-t-il ajouté, les politiques de création d’emplois pour les jeunes, d’une part, et pour les personnes âgées, d’autre part, doivent être complémentaires. C’est aussi le meilleur moyen d’assurer la durabilité financière des systèmes de protection sociale », a-t-il fait observer. Après avoir évoqué les bienfaits du volontariat pour toutes les tranches d’âge, M. Hundstorfer a indiqué que l’Autriche avait créé un Conseil consultatif de personnes âgées pour leur permettre de partager leurs points de vue avec les décideurs politiques.

Xiao Caiwei, vice-président du Comité national chinois sur le vieillissement, a expliqué que le nombre de personnes âgées dans la région Asie-Pacifique augmentait à un rythme beaucoup plus rapide que dans le reste du monde. Selon les prévisions, la moitié de la population âgée mondiale vivra en Asie-Pacifique d’ici à 2015. « Si la transition démographique a pris plus de cent ans à s’opérer dans les pays européens, notre région est en train de la vivre en trois décennies », a-t-il indiqué. « La diminution de la population en âge de travailler aura une incidence sur la vie économique », a observé M. Xiao, « sans compter les répercussions sur les systèmes de sécurité sociale et sur la fourniture des services de santé gériatrique. Les femmes âgées sont particulièrement vulnérables », a-t-il ajouté.

Le panéliste a mentionné les activités menées dans la région pour faire face à ces problèmes, citant par exemple la réunion préparatoire organisée par la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) à Beijing en novembre 2011, et l’enquête régionale intergouvernementale sur les progrès réalisés et les défis rencontrés dans la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid. « Nous avons aussi tenu une réunion sur l’évaluation du Plan d’action en 2012 à Bangkok », a-t-il ajouté. Il reste encore beaucoup à faire dans la région, y compris en ce qui concerne les plans régionaux de vieillissement », a-t-il dit.

Les conclusions de ces travaux invitent notamment à mettre en place des politiques et des cadres juridiques assurant la protection des personnes pour qu’elles puissent vivre toute leur vie de façon indépendante et en bonne santé. « La sécurité du revenu est un autre élément essentiel pour le sort des personnes âgées », a souligné M. Xiao Caiwei. Il a également invité les gouvernements à s’attaquer plus fermement à l’élimination des problèmes d’emploi pour les personnes âgées, ainsi qu’à améliorer la protection sociale. « Certains pays de la région de la CESAP ont réussi à établir une couverture universelle de soins de santé », a-t-il relevé. Il a également souligné la double vulnérabilité que subissent les femmes âgées. La Déclaration de Madrid demande d’accorder la priorité aux droits des personnes âgées et à la mise en place des cadres juridiques appropriés, a-t-il rappelé.

Article publié le 11/02/2013 à 10:24 | Lu 1023 fois