Musée Jacquemart-André : Rembrandt intime, à découvrir sans tarder

Le très beau musée Jacquemart-André à Paris accueille jusqu’au 23 janvier prochain « Rembrandt Intime ». Une occasion unique d’admirer le travail de ce génie de la peinture. Courrez vite voir cette exposition très enrichissante qui vous fera découvrir un immense artiste : le seul à avoir donné au 17ème siècle une œuvre aussi importante et éternelle.


Né en 1606 à Leyde au sud des Pays-Bas, fils d'une famille aisée, Rembrandt Harmenszoon van Rijn fait des études classiques à l'école latine de sa ville. Vient ensuite l'université où il ne s'attardera pas longtemps pour entrer en apprentissage dans l'atelier de Jacob van Swanenburgh en 1621, puis six mois plus tard, dans celui de Pieter Lastman à Amsterdam.
 
L’artiste est précoce ; à vingt ans, il a déjà son atelier et des assistants chargés de peindre « à la manière de Rembrandt ». Trois œuvres présentées dans cette exposition -qui appartiennent au Musée Jacquemart-André où se tient celle-ci-, retracent les étapes décisives du parcours de l'artiste dont Le Repas des pèlerins d'Emmaüs en 1629 où l'on voit son travail sur l'ombre et la lumière. Nous ne sommes plus dans le narratif, dans le grandiloquent mais dans l'intériorité.
 
En 1631, il revient à Amsterdam où il s'installe définitivement. Deux années plus tard, il épouse Saskia, la cousine d'un riche négociant d'art qui aidera beaucoup Rembrandt à développer son activité. La jeune femme rapidement devient son modèle préféré : Saskia en Flore en 1634.
 
Autre œuvre, témoin de son succès, en 1632 :  Le Portrait de la princesse Amalia van Solms, épouse du gouverneur de Hollande Frederic de Nassau, une représentation bien peu idéalisée… Pour la première fois en Hollande apparaît le profil à l'antique ; Rembrandt est alors dans ses années de gloire. Il entre vraiment dans la peinture et dans la haute société. Tous les notables veulent leur portrait ; il en réalise alors un par mois, mais sans complaisance.
 
Le portrait corporatif comme La Leçon d'anatomie la même année, met en scène une vision plus théâtrale, plus  narrative et plus déclamatoire de la peinture. Par contre, les autoportraits de l'artiste, loin d'être complaisants, reflètent son souci de simplicité et d'introspection comme « l'Autoportrait à la tête nue » ; ce qui compte maintenant, c'est de saisir l'instant, c'est de montrer les degrés de conscience et de spiritualité que tout homme porte en lui. L'artiste veut donner un sens à l'utilisation du clair-obscur et se tourne de plus en plus vers la sobriété. Exit le maniérisme des premières productions.

En 1640, la peinture d'histoire comme Le Sacrifice d'Isaac, les sujets religieux comme la série de cinq tableaux sur la vie du Christ abondent. Les paysages lui permettent aussi de réfléchir sur le pouvoir de la lumière de même que ses nombreuses eaux-fortes.
 
Au cours de la décennie suivante, la lumière semble plus absorbée, les ors et les rouges sont posés en touches plus épaisses, le style devient plus empâté comme dans la Bethsabée. Le décès de son épouse Saskia ainsi que de trois de ses enfants, sans compter ses ennuis financiers, imprègnent alors ses tableaux d'une profonde mélancolie. C'est son fils Titus, marchand de tableaux, qui le sauve de la ruine et des griffes des créanciers. Dernier tableau du musée : en 1656, le Portrait du Docteur Arnold Tholinx, œuvre de maturité.
 
C'est autour de ces trois chefs-d’œuvre évoquant les différents moments de sa carrière que s'organise cette belle exposition qui présente aussi vingt et une peintures et trente- deux œuvres graphiques, témoins de l'évolution du Maître et de ses recherches sur l'intériorité humaine. Aller au-delà du réel, saisir le temps qui passe, peindre les gens qu'il rencontre dans la rue… Ce qu'il veut, c'est la vérité humaine des personnages ; ce qui compte, c'est leur expressivité, leur âme.
 
Ne cédant pas à la mode de l'époque, Rembrandt fera par ailleurs du dessin et de la gravure des arts « nobles ». Très indépendant et très épris de liberté, ce que recherche l'artiste, c'est mettre en scène le rapport entre la lumière et la matière. Dans les années 1660, son style s'épure. L'iconographie l'intéresse moins que la vérité des sentiments.
 
Une autre série de drames viennent l'ébranler, en 1663 la perte de sa compagne Hendrickje Stoffels morte de la peste et cinq ans plus tard, celle de son dernier fils Titus dont le Portrait à l'âge de seize ans est une pure merveille. L’œuvre de Rembrandt compte par ailleurs 314 estampes et quelques sept cents dessins. Pendant toute sa vie, il a gravé des eaux-fortes très appréciées des collectionneurs.
 
Marie-Hélène Boutillon

​Infos Pratiques

Rembrandt Intime
Exposition jusqu'au 23 janvier 2017

Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann 75008

Tél : 0145621159
Ouvert tous les jours de 10h à 18h 

Publié le 30/11/2016 à 07:40 | Lu 2792 fois