Minimum vieillesse : le point avec la Drees (partie 3)

Dans un récent rapport intitulé « Les allocataires du minimum vieillesse : parcours et conditions de vie » publié dans la collection « Etudes et Résultats » n° 863 de janvier 2014, la Dress* revient en détails sur les caractéristiques de ces personnes, souvent seules et souvent marquées par la vie… Partie 3.


Près d’un allocataire sur deux est pauvre en conditions de vie

Au final, 47 % des allocataires appartiennent à un ménage pauvre en conditions de vie, soit une part largement supérieure à celle des personnes âgées de plus de 60 ans (8,2% en 2011). Une personne est considérée pauvre en conditions de vie si son ménage rencontre au moins huit difficultés parmi vingt-sept. Ces dernières concernent l’insuffisance de ressources, les retards de paiement, les restrictions de consommation et les difficultés liées au logement.
 
L’insuffisance de ressources et les restrictions de consommation sont  les difficultés les plus marquées parmi les allocataires. La pauvreté en conditions de vie est plus prononcée chez les personnes ne disposant pas d’épargne. Son incidence dépend aussi des caractéristiques sociodémographiques des allocataires. Les hommes, notamment ceux vivant seuls, et les allocataires de moins de 75 ans appartiennent plus souvent à un ménage pauvre en conditions de vie. Cela tient à leurs caractéristiques ou à leur parcours lors de la vie active. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, la pauvreté en conditions de vie touche davantage les allocataires ayant été au chômage ou au RMI/RSA avant leur demande d’allocation, et ce sont plus souvent des hommes ou des personnes âgées de moins de 75 ans. Parmi les personnes nées à l’étranger, plus souvent pauvres en conditions de vie, les hommes sont surreprésentés.
 
Les allocataires entrés au minimum vieillesse avant 65 ans pour incapacité ou inaptitude sont aussi davantage confrontés à cette forme de pauvreté, et ce sont plus souvent des personnes âgées de moins de 75 ans. Par ailleurs, les locataires du secteur libre et les personnes ne résidant pas en logement ordinaire appartiennent plus fréquemment à un ménage pauvre en conditions de vie, à l’inverse des personnes hébergées ou logées qui ont moins de dépenses de logement. Le réseau familial et amical compte également : les personnes déclarant pouvoir solliciter une aide financière, matérielle ou morale auprès de leurs proches vivent moins souvent dans un ménage pauvre.
 
Des allocataires se déclarant souvent en mauvaise santé

Les liens entre santé et conditions de vie sont ambigus : de mauvaises conditions de vie peuvent affecter la santé, mais les problèmes de santé peuvent générer des dépenses difficiles à couvrir ou compliquer l’accès aux ressources nécessaires pour s’assurer de meilleures conditions d’existence. Quoi qu’il en soit, les personnes s’estimant en mauvaise santé appartiennent davantage à un ménage pauvre en conditions de vie. Elles représentent près de la moitié des allocataires du minimum vieillesse (47%). Ces derniers sont également nombreux à être limités depuis au moins six mois à cause d’un problème de santé dans les activités que les gens font habituellement (72%) ou à supporter une maladie, un problème de santé chronique ou de caractère durable (70%). Ces proportions sont nettement plus élevées que celles observées chez les personnes âgées de plus de 60 ans.
 
Les allocataires sont ainsi plus souvent en mauvaise santé, quels que soient l’âge et le sexe. Ils sont fréquemment gênés dans leur vie quotidienne à cause de problèmes de santé ou de handicap. La majorité d’entre eux ont des difficultés pour se déplacer à l’extérieur, sont désavantagés dans les déplacements hors du domicile, pour prendre les transports en commun ou pour accéder à certains lieux publics. Les allocataires sont aussi plus souvent en détresse psychologique.
 
Confrontés à une situation financière difficile, certains d’entre eux se sont privés de soins. Au cours des douze derniers mois, 15% des allocataires ont renoncé à une consultation de médecin pour des raisons financières et un peu plus de 30% à des soins dentaires. Le renoncement aux soins pour raisons financières est nettement plus marqué que chez les personnes âgées de plus de 60 ans.
 
Un sentiment d’isolement pour près d’un allocataire sur cinq

La plupart des allocataires ont des contacts réguliers avec leurs proches. Ainsi, 29 % vivent avec au moins un membre de leur famille autre que le conjoint et près des deux tiers ont rencontré des membres de leur famille fréquemment au cours des douze derniers mois, c’est-à-dire plusieurs fois par mois. Par ailleurs, un peu plus de la moitié ont retrouvé des amis régulièrement au cours des douze derniers mois. Au total, quatre allocataires sur cinq ont vu souvent leur famille ou des amis. Les allocataires sont toutefois un peu plus isolés que les personnes âgées de plus de 60 ans qui sont 90 % à rencontrer famille ou amis régulièrement. De plus, 12% n’ont jamais vu de membres de leur famille au cours des douze derniers mois, ce qui est rare au sein des personnes de plus de 60 ans, et 29% n’ont jamais côtoyé d’amis durant cette même période, contre moins de 10% des personnes de plus de 60 ans.
 
Les allocataires sont un peu plus isolés, quels que soient l’âge, le sexe ou la situation matrimoniale. Au final, la majorité des allocataires se sentent entourés mais un peu moins d’un allocataire sur cinq ressent un sentiment d’isolement. Ce sentiment diminue avec la fréquence des relations entretenues avec les proches. Vivre en couple ou partager son logement avec d’autres membres de la famille protège évidemment de la solitude. En revanche, un état de santé altéré ou une situation de pauvreté en conditions de vie renforcent le sentiment d’isolement.
 
*Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques

Publié le 29/01/2014 à 09:00 | Lu 879 fois





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