Minimum vieillesse : le point avec la Drees (partie 2)

Dans un récent rapport intitulé « Les allocataires du minimum vieillesse : parcours et conditions de vie » publié dans la collection « Etudes et Résultats » n° 863 de janvier 2014, la Dress* revient en détails sur les caractéristiques de ces personnes, souvent seules et souvent marquées par la vie… Partie 2.





Un allocataire sur quatre ne dispose pas de son propre logement

Les allocataires sont majoritairement locataires de leur logement (57%).
 
À l’inverse, seuls 16% sont propriétaires, accédants ou usufruitiers, alors que les personnes âgées de plus de 60 ans le sont en grande majorité, même en se restreignant aux plus modestes d’entre elles (premier quintile de niveau de vie).
 
Le secteur HLM est prédominant et accueille plus d’un allocataire sur trois, soit presque deux fois plus que les personnes âgées de plus de 60 ans les plus modestes. Par ailleurs, un quart des allocataires ne disposent pas de leur propre logement.
 
Près d’un allocataire sur cinq est ainsi hébergé ou logé, avec ou sans participation financière, situation très rare chez les personnes âgées de plus de 60 ans, même parmi les plus modestes. Les trois quarts des allocataires sont hébergés par un proche et un quart vit dans un logement prêté.
 
Plus de 80% disposent d’un logement par leur famille, notamment leurs enfants. Enfin, une minorité réside en foyers ou dans des résidences sociales ; les autres situations de logement comme la location d’une chambre d’hôtel, les habitations mobiles, les centres d’hébergement ou le fait d’être sans domicile fixe apparaissent très marginales. Ces résultats excluent néanmoins environ 10% des allocataires pris en charge par une institution (maisons de retraite notamment).
 
La majorité des allocataires résidant en logement ordinaire, en foyers, dans des résidences sociales ou une habitation mobile, sont satisfaits de leurs conditions actuelles d’habitat (63%) et un quart les jugent acceptables. Seuls 10% les estiment insuffisantes. Les allocataires propriétaires, hébergés ou logés par un tiers sont ceux qui se déclarent les plus satisfaits, à l’inverse des locataires du secteur privé et des allocataires résidant en foyers, dans des résidences sociales ou une habitation mobile.
 
Les allocataires sont parfois confrontés à des conditions d’habitat difficiles. Ainsi, 11% d’entre eux ne disposent pas de tous les éléments de confort sanitaire (eau chaude, salle de bains, toilettes intérieures et chauffage). Près d’un tiers se plaignent de la difficulté ou du coût pour chauffer leur logement. Le mauvais état ou l’environnement extérieur bruyant du logement sont des sujets d’insatisfaction pour un peu moins d’un allocataire sur cinq. De plus, 17% d’entre eux sont confrontés à une situation de surpeuplement alors que cette situation est rare chez les plus de 60 ans.
 
Enfin, 31 % estiment leur logement éloigné des transports collectifs, des commerces, des équipements collectifs ou des services médicaux. Nombre d’allocataires mentionnent en effet des difficultés à se déplacer, en lien avec leur état de santé ou de handicap.
 
De faibles ressources et peu de patrimoine

La plupart des allocataires perçoivent des pensions de retraite. Environ quatre allocataires sur cinq ont des droits propres à la retraite et reçoivent une pension de droit direct. Un peu plus de 10% ont une pension de réversion, qu’elle soit ou non cumulée avec une pension de droit direct. Seuls moins de 15% n’ont aucun droit à la retraite. Toutefois, les ressources des allocataires et de leur conjoint éventuel demeurent faibles. Le minimum vieillesse les complète afin d’atteindre un seuil minimum de revenu, qui s’établit, fin 2012, à 777 euros pour une personne seule et à 1 207 euros pour un couple.
 
D’autres ressources ne sont pas déduites du minimum vieillesse et peuvent augmenter le revenu des allocataires.  Ainsi, plus de la moitié d’entre eux perçoivent également des aides au logement et 15% vivent avec un apporteur de ressources, en activité ou à la retraite, autre que leur conjoint éventuel.
 
En général, le patrimoine est largement répandu chez les personnes âgées de 60 ans ou plus, qui l’ont accumulé tout au long de leur vie active ou qui ont pu en hériter. Mais seule la moitié des allocataires du minimum vieillesse disposent d’un patrimoine, immobilier ou financier, contre 95% des personnes âgées de plus de 60 ans. La faible détention patrimoniale des allocataires illustre leurs probables faibles ou modestes ressources par le passé.
 
Peu nombreux à détenir du patrimoine financier, celui-ci est d’un montant modeste. Ainsi, seulement 43% des allocataires ont un patrimoine financier, contre près de 90% des personnes âgées de plus de 60 ans. Lorsqu’ils détiennent une épargne, elle est le plus souvent très modeste : elle s’élève à moins de 1 000 euros dans la moitié des cas.
 
Une situation financière difficile

Les allocataires sont confrontés à des difficultés financières : seule la moitié déclare que les revenus de leur ménage suffisent pour couvrir leurs dépenses courantes. 83% des allocataires estiment que la situation financière actuelle de leur ménage est mauvaise et qu’il faut faire attention ou qu’ils y arrivent difficilement. Et 6%  déclarent ne pas pouvoir y arriver sans s’endetter.
 
Depuis deux ans, la situation financière ne s’est pas améliorée, voire s’est détériorée, pour la quasi-totalité d’entre eux. Pour faire face à leurs difficultés financières, plus d’un quart des allocataires ont eu un découvert bancaire au moins une fois au cours des douze derniers mois. Ils ont également recours à leurs économies pour équilibrer leur budget. Un peu plus de 15% ont puisé dans leur épargne au cours des douze derniers mois.
 
Par ailleurs, la majorité n’ont pas d’épargne et certains s’endettent en cas de difficulté financière lorsque cela est possible. Ainsi, 18% ont contracté un crédit ou emprunté de l’argent auprès d’une banque ou d’un proche au cours des douze derniers mois. Ces allocataires se sont adressés à leur famille le plus souvent. Cependant, emprunter de l’argent n’est pas toujours possible : 14% des allocataires ont essuyé un refus de crédit ou de prêt au cours des douze derniers mois.
 
Outre l’endettement et le recours aux économies, les difficultés financières des allocataires se traduisent également par des privations matérielles, qui affectent directement leurs conditions de vie, leur vie sociale et leur santé. Au cours des douze derniers mois, ils ont été confrontés le plus souvent à des restrictions de consommation concernant les loisirs et les vacances (65%) et l’habillement (58%). Plus de 40% d’entre eux se sont privés dans les domaines de la vie sociale (invitations à domicile), de l’alimentation, de l’équipement, du logement et des transports. Enfin, un tiers a restreint ses dépenses de soins et de santé.
 
Malgré une situation financière difficile, les retards de paiement des factures courantes restent minoritaires : 13% des allocataires ont été dans l’impossibilité de payer à temps leurs loyers, remboursements d’emprunt, factures d’énergie ou versements d’impôt au moins une fois au cours des douze derniers mois.

Article publié le 28/01/2014 à 09:00 | Lu 821 fois