Minimum vieillesse : le point avec la Drees (partie 1)

Dans un récent rapport intitulé « Les allocataires du minimum vieillesse : parcours et conditions de vie » publié dans la collection « Etudes et Résultats » n° 863 de janvier 2014, la Dress* revient en détails sur les caractéristiques de ces personnes, souvent seules et souvent marquées par la vie… Partie 1.


Le minimum vieillesse recouvre un ensemble d’allocations visant à garantir un minimum de ressources aux personnes âgées ne disposant pas d’une pension ou ayant de faibles ressources.
 
Au 31 décembre 2011, 572 600 personnes perçoivent une des allocations du minimum vieillesse versée par leur caisse de retraite ou par le Service de l’allocation de solidarité aux personnes âgées (SASPA) pour celles qui n’ont aucun droit à la retraite. Elles représentent 3,4% de l’ensemble des personnes âgées de 60 ans ou plus.
 
La plupart des allocataires ont travaillé par le passé

Selon l’enquête auprès des bénéficiaires de minima sociaux de 2012, les allocataires du minimum vieillesse sont quasiment tous retirés du marché du travail : seuls 2% travaillent ou recherchent un emploi. Interrogés sur leur vie professionnelle passée, 95% des hommes et 71% des femmes allocataires du minimum vieillesse déclarent avoir travaillé.
 
Le dernier emploi qu’ils ont occupé était un contrat à durée indéterminée pour la majorité d’entre eux. Plus des deux-tiers (69%) étaient salariés d’une entreprise, d’une collectivité publique ou d’une association et 80%  travaillaient à temps complet.
 
Comparés à l’ensemble de la population de plus de 60 ans, les allocataires du minimum vieillesse sont plus nombreux à n’avoir jamais travaillé (18% contre 4%). Concernant leur dernier emploi, ils travaillaient plus souvent que la moyenne pour des particuliers ou comme aidant familial (13% contre 9% pour l’ensemble des plus de 60 ans) et les salariés du secteur privé étaient bien plus souvent employés ou ouvriers (95% contre 75%).
 
Un parcours professionnel marqué par le chômage et l’inactivité

Plus que le type du dernier emploi occupé, c’est le déroulement de la carrière qui distingue les allocataires du minimum vieillesse de l’ensemble des personnes de plus de 60 ans. Ils ont eu, en effet, des carrières beaucoup plus courtes ou plus heurtées : les allocataires ayant acquis des droits propres ont validé en moyenne 97 trimestres et 35 % d’entre eux ont validé moins de 80 trimestres.
 
Une majorité (64%) déclare avoir travaillé régulièrement. Cependant, la vie professionnelle des allocataires a été souvent interrompue par le chômage ou pour une autre raison (c’est le cas de 44% des hommes et de 25% des femmes). Les problèmes de santé, d’invalidité ou de handicap peuvent être à l’origine d’une carrière écourtée. Plus de la moitié des allocataires ont obtenu l’allocation avant 65 ans, ce qui n’est possible qu’en cas d’invalidité ou d’inaptitude au travail et révèle donc des problèmes de santé ou de handicap, au moins en fin de carrière.
 
Pour 8% des allocataires, la carrière a été jalonnée de périodes alternant emploi et chômage. Enfin, 28% d’entre eux n’ont jamais travaillé ou ont connu de longues périodes d’inactivité. Ils l’expliquent majoritairement par des problèmes de santé (67% pour les hommes) ou évoquent des raisons familiales (64% pour les femmes).
 
La situation des allocataires juste avant leur demande d’allocation montre que les difficultés rencontrées sur le marché du travail sont très présentes en fin de carrière. Seulement une minorité (14%) était encore en emploi avant de demander l’allocation. La majorité bénéficiait de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), était en invalidité ou en longue maladie (27%), percevait le revenu minimum d’insertion (RMI) ou le revenu de solidarité active (RSA) (15 %), était au chômage (7 %) ou dans une autre situation d’inactivité hors retraite (16%).
 
Plus particulièrement, les personnes immigrées sont surreprésentées au sein des allocataires. Elles ont été davantage touchées par le chômage au cours de leur vie active, ayant occupé plus souvent des emplois peu qualifiés, notamment d’ouvriers. Elles peuvent également être arrivées en France à l’âge adulte avec une expérience professionnelle à l’étranger qui n’est pas prise en compte dans le calcul de la pension de droit direct. Ainsi, 33% des allocataires dans le champ de l’enquête sont de nationalité étrangère et 10% ont acquis la nationalité française. Les allocataires immigrés sont majoritairement des hommes (62%) et sont pour la plupart arrivés en France avant 40 ans (65%). La majorité d’entre eux a travaillé régulièrement, au moins sur une partie de leur vie professionnelle. Un quart n’a jamais travaillé ou a connu de longues périodes d’inactivité : il s’agit plus souvent de femmes, arrivées plus tardivement en France.
 
La moitié des allocataires vivent seuls

Les personnes se déclarant en couple ne représentent que 35% des allocataires, contre 65% pour l’ensemble de la population de plus de 60 ans. Dans la plupart des cas, il n’y a qu’un seul allocataire pour le couple (75% des allocataires en couple interrogés déclarent que leur conjoint ne touche pas le minimum vieillesse). En incluant les conjoints non allocataires, seules un peu moins de la moitié des personnes effectivement couvertes par le dispositif sont en couple.

Les allocataires qui ne sont pas en couple sont principalement des femmes (71%). Ayant acquis moins de droits à la retraite que les hommes, elles ont plus souvent besoin, lorsqu’elles sont seules, du minimum vieillesse pour compléter une faible pension. Parmi elles, la part des veuves (40%) est plus faible que parmi l’ensemble des femmes de plus de 60 ans qui ne vivent pas en couple (67%). En effet, seuls 6% des allocataires déclarent être entrés dans le dispositif du minimum vieillesse après le décès de leur conjoint ou après un changement dans leur foyer (séparation, divorce). Près des trois quarts y sont entrés dès l’âge d’éligibilité ou après la liquidation de leur retraite et 15% après avoir appris qu’ils y avaient droit.
 
La moitié des allocataires (64% des femmes, 37 % des hommes) vivent seuls dans leur logement et 17 % sont en couple sans enfants. Les autres (32%) vivent avec leurs enfants ou dans des ménages plus complexes, avec d’autres membres de leur famille (conjoint d’un enfant, petits-enfants, etc.). Cette situation est bien plus fréquente parmi les allocataires que pour l’ensemble des personnes de plus de 60 ans (13%).

*Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques

Publié le 23/01/2014 à 08:13 | Lu 1161 fois





Dans la même rubrique
< >