Ménopause : une période à risque d'hypertension très spécifique chez les femmes

A l’occasion de la journée mondiale de l’hypertension artérielle (HTA) qui a eu lieu le 14 mai dernier, la Fédération Française de Cardiologie (FFC) a voulu alerter les femmes sur la ménopause et les risques d’hypertension artérielle. Un suivi coordonné cardio-gynécologique, en concertation avec le médecin traitant, sera alors mis en place chez la femme hypertendue. La FFC livre ci-après, ses conseils pratiques pour améliorer la prévention cardio-vasculaire chez les femmes à risque.


Il faut savoir que le risque de développer une hypertension artérielle est plus important chez la femme à certaines périodes de sa vie hormonale : contraception avec oestrogènes de synthèse, grossesse et ménopause. « L’hypertension artérielle touche plus d’une femme sur deux ménopausée. Une surveillance rapprochée et préventive s’impose donc aux femmes aux phases clés de leur vie », alerte le Professeur Claire Mounier-Vehier, Présidente de la FFC.
 
Ménopause : une augmentation significative du risque d’hypertension
La ménopause apparaît en moyenne à l’âge de 50 ans et représente aujourd’hui plus d’un tiers de la vie d’une femme. A cette période, les oestrogènes naturels diminuent progressivement, épaississant les parois des artères qui deviennent plus rigides. Parallèlement les femmes prennent du poids, favorisant l’apparition du syndrome métabolique.
 
La prévalence de l’hypertension artérielle chez la femme augmente alors significativement, pour toucher une femme sur deux après 65 ans. Plusieurs facteurs favorisent l’apparition de l’hypertension artérielle à la ménopause : l’âge, l’obésité abdominale, la dyslipidémie (concentration trop élevée de graisses dans le sang), l’apnée du sommeil (à dépister devant des symptômes parfois atypiques). A la ménopause, une femme hypertendue aura un risque plus élevé qu’un homme de présenter un accident cardio-vasculaire et surtout cérébro-vasculaire.
 
Le traitement hormonal de la ménopause (prescrit à la femme avec des oestrogènes transcutanés et de la progestérone naturelle) n’induit pas d’élévation de la pression artérielle ni de prise de poids. Après une discussion de la balance globale bénéfices-risques avec la patiente, il peut être prescrit dans un objectif d’amélioration de la qualité de vie. Le médecin tiendra compte de l’âge (avant 60 ans), de l’ancienneté de la ménopause (dans les 5 ans qui suivent l’arrêt des règles), des antécédents thrombo-emboliques veineux et artériels personnels et familiaux ainsi que les risques de cancer, notamment du sein. Sa prescription doit être réévaluée tous les ans, assortie d’un suivi cardio-gynécologique régulier.
 
Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?
Directement liée à 13% des décès annuels dans le monde, l’hypertension artérielle se classe au premier rang mondial en termes de mortalité attribuable. En France, elle est aussi le premier motif de consultation en médecine générale. L’hypertension doit donc être prise très au sérieux. Au-delà d’un simple facteur de risque, elle devient rapidement une véritable maladie chronique en l’absence d’une prise en charge adaptée. Sa prévalence croissante est la conséquence de l’évolution de nos modes de vie, en particulier une alimentation trop riche notamment en sel, ainsi qu’une diminution de l’activité physique, une progression de la sédentarité avec comme conséquence, la prise de poids.
 
En France, si 10 millions d’hypertendus sont traités, on estime à 4 millions le nombre de patients qui s’ignorent. Non contrôlée, l’hypertension artérielle figure parmi les premiers facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Elle correspond à une pression du sang en permanence trop élevée dans les artères. Elle est dangereuse, car elle fatigue le coeur, crée des lésions graves au niveau des artères et provoque des accidents aigus cardio-cérébro-vasculaires.
 
« On dit de l’hypertension artérielle qu’elle est un « tueur silencieux », parce que la plupart du temps, elle ne se manifeste à travers aucun symptôme particulier, explique le Pr Pierre Lantelme, cardiologue au CHU de Lyon, membre du bureau de la FFC. Il existe cependant des signes non spécifiques qui doivent nous alerter, comme les maux de tête, des difficultés de concentration, des vertiges, une fatigue chronique, des troubles visuels ou des bourdonnements d’oreille ou encore des douleurs dans la poitrine voire un essoufflement à l’effort. »
 
Les réflexes de prévention et de dépistage pour tous
La mesure régulière de la pression artérielle lors de consultations médicales permet de dépister une éventuelle hypertension artérielle. Le médecin généraliste, la médecine du travail, le pharmacien, le gynécologue et le cardiologue sont autant de professionnels de santé qui sont impliqués dans la démarche de la mesure préventive de la pression artérielle.
 
« En cas de chiffres élevés ≥ 140/90 mm Hg, une auto-mesure sur trois jours ou une mesure ambulatoire sur 24 heures doit être proposée, préconise le Pr Pierre Lantelme, pour confirmer ou non le diagnostic d’hypertension artérielle et décider de la meilleure prise en charge thérapeutique. »
 
Une bonne hygiène de vie est indispensable pour combattre les facteurs de risque et prévenir la maladie cardio-vasculaire, dès le plus jeune âge :
- Éviter une alimentation riche en sucres et en graisses saturées.
- Limiter les apports en sel à 6 g par jour (le sel favorise la prise de poids et est source d’hypertension).
- Consommer au minimum 5 légumes et fruits, riches en fibres et vasodilatateurs.
- Limiter la consommation d’alcool (qui fait monter la pression artérielle et limite les effets des traitements anti hypertenseurs).
- Ne pas fumer et se faire accompagner pour le sevrage tabagique.
- Agir sur le stress.

Publié le 15/05/2017 à 01:00 | Lu 33607 fois