Marie-Thérèse Tarkoy-Pezet : une combattante de la Libération fête ses cent ans

Rochambelle courageuse dans la Division Leclerq, Marie-Thérèse Tarkoy-Pezet, fille de parlementaire du Morbihan et membre de nombreux cabinets ministériels de la quatrième république, vient de fêter ses 100 ans dans sa maison de retraite de Vannes-Plescop en Bretagne.


Ce n’est pas par hasard que le 23 juin dernier, Marie-Thérèse Tarkoy-Pezet, a fêté ses cent ans dans le Morbihan où elle coule des jours paisibles dans son appartement de la résidence services Mary-Flor de Vannes-Plescop.
 
En effet, c’est ici que se trouve l’origine d’une vie qui l’a amenée dans les plus hautes sphères de la politique et sur les champs de bataille les plus meurtriers.
 
En 1928, en effet, son père, journaliste à Paris, se laisse convaincre par des amis bretons de se présenter aux élections législatives à Vannes. Elu député, réélu jusqu’à l’occupation, il connaîtra une carrière de parlementaire très active. Intellectuellement très proche de sa fille, Marie-Thérèse, étudiante en Droit, il lui fera partager sa passion pour la politique et en particulier, pour la politique étrangère.
 
Conseillère juridique au Quai d’Orsay en 37, à l’âge de 24 ans, Marie-Thérèse Pezet se met en disponibilité en 1940 alors que son père entre dans la résistance. En 1941, elle entre au Comité d’Organisation de la Marine Marchande qui, sous couvert d’activités économiques, est en fait un nid de résistants.
 
En 1944, Marie-Thérèse Pezet se fait engager à Paris en tant que « Rochambelle » (ambulancière opérationnelle) dans la division Leclerc. Elle part aussitôt pour les combats de libération de l’est au volant d’une ambulance chargée des évacuations rapides des blessés du champ de bataille. Elle, qui ne supportait pas la vue du sang, surmonte les cauchemars permanents, choisit sur le champ de bataille les blessés qui peuvent être sauvés, en aide d’autres au moment de leur mort. Son comportement lui vaudra Légion d’Honneur, Médaille Militaire et Croix de Guerre.
 
Ces batailles ne sont pas que des souvenirs douloureux pourtant. Le chef de chars de son escadron de fusiliers marin n’était autre que Jean Gabin qui avait quitté Hollywood pour servir son pays sous les ordres du général Leclerc et avec qui Marie-Thérèse est longtemps restée amie. Un autre acteur qui deviendra célèbre était chargé du dangereux ravitaillement en essence de l’escadron : Jean Marais. Marie-Thérèse atteindra Bertechsgaden, le nid d’aigle d’Hitler, avant de rentrer en France fin juin.
 
Après la Libération, de sa maison de famille de Pénestin dans le Morbihan, elle participe à la campagne pour la réélection de son père, à Vannes, puis entre au cabinet de Robert Schuman, ministre des Finances. Mariée en 1950 à un diplomate hongrois réfugié en France, Ivan Tarkoy, Marie-Thérèse entre successivement dans différents cabinets ministériels : Santé, Justice, Travail et Affaires Sociales, …
 
L’un des pires moments de sa carrière fut la mort du Général Leclec. Elle était au Cabinet de Robert Schumann, ministre des Finances en 1947, lorsque l’avion du Général s’est écrasé en Algérie. Elle a été la dernière personne en métropole à avoir vu le général vivant et a lui souhaité personnellement bon voyage au moment de son départ pour l’Algérie ; elle évoque l’attentat dans le beau livre d’un siècle de souvenirs que Martial Bouédec, le dirigeant de la résidence Mary-Flor, l’a aidée à faire paraître pour son anniversaire : Marie Thérèse Tarkoy-Pezet, 100 ans… une vie, une histoire ».

Publié le 24/06/2013 à 09:23 | Lu 1025 fois