Malbouffe, sédentarité et stress : constat et conséquences sur la santé cardiaque ?

« Depuis plusieurs années, nous avons réduit fortement la mortalité cardiovasculaire par des innovations technologiques et des traitements médicaux. Mais nous craignons que ces effets soient fortement contrecarrés dans quelques années par la détérioration de nos habitudes de vie », interpelle le Pr Claude Le Feuvre, Président de la FFC.


Malbouffe, sédentarité et stress : constat et conséquences sur la santé cardiaque ?
Malbouffe : 32,3% des Français de 18 ans et plus sont en surpoids (25 ≤ IMC < 30 kg/m2) et 15% présentent une obésité (IMC ≥ 30 kg/m2).

De plus, 32% des femmes âgées de 25 à 34 ans souffrent de surpoids (dont 11% d'obésité), tandis que le surpoids atteint 37% des femmes de 35 à 44 ans (dont 16% d'obèses).
 
Sédentarité : l'insuffisance d'activité physique représente une véritable épidémie, notamment dans les pays industrialisés. Les modes de vie actuels sont responsables de l'augmentation de la morbidité (l'insuffisance d'activité physique, la sédentarité (temps total passé assis ou allongé dans la journée) : locomotion assistée, position assise prolongée et absence d'activité physique, surconsommation de boissons sucrées et de produits alimentaires transformés, riches en gras, en sel et en sucre ajouté"
 
Trois millions de personnes souffrent de diabète en France, le plus souvent favorisé par la sédentarité et associé à une mortalité cardiovasculaire très élevée. Bien que la sédentarité soit de nos jours le 4ème facteur de risque de mortalité après l’hypertension, le tabagisme et le diabète à travers le monde, trois-quarts des Français ne font pas les 10 000 pas recommandés par jour par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
 
« Cela peut paraître énorme mais la plupart des gens en font environ la moitié (4.000 à 6.000) au cours d'une journée normale. Cela signifie qu'il suffit d'ajouter de 4.000 à 6.000 pas par jour pour en faire 10.000, ce qui correspond aux trente minutes d’activité conseillé » précise la FFC
 
Stress : L'hypertension artérielle est une maladie typique des pays développés. Le stress, l'obésité, la sédentarité sont autant de maux caractéristiques du quotidien qui favorisent l'hypertension artérielle, un des premiers facteurs de risque de maladies cardiovasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux.
 
En France, plus de dix millions de personnes sont hypertendues et 70% des hypertendus traités sont âgés de plus de 60 ans. D’après la dernière étude FLAHS 2012 sur l’hypertension en France réalisée à la demande du Comité Français de la Lutte contre l’Hypertension Artérielle (CFLHTA), 30% de la population française âgée de plus de 35 ans est traitée par un médicament antihypertenseur, soit 11,4 millions de personnes.
 
Des inégalités régionales : les comparatifs de mortalité et mortalité prématurées par maladies cardiovasculaires en fonction des régions sont assez clairs, il y a de nettes inégalités entre le Nord et le Sud du pays. Moins de prévention, plus de stress, de sédentarité et de malbouffe dans les régions du Nord sont les explications de ces grandes différences.
 
Les hommes représentent 46% des décès par pathologies cardiovasculaires. Sur la période 1998-2000, le taux comparatif de mortalité par maladies de l’appareil circulatoire s’élève à 363 décès pour 100.000 en France métropolitaine. Les taux régionaux varient de 299 en Île-de-France à 455 dans le Nord–Pas-de-Calais. Les taux les plus élevés tracent un croissant de surmortalité au Nord de la France, composé des huit régions les plus septentrionales, auquel s'ajoute l'Auvergne.
 
Les femmes représentent 54% des décès par pathologies cardiovasculaires. Sur la période 1998-2000, le taux comparatif de mortalité par maladies de l’appareil circulatoire s’élève à 225 décès pour 100 000 en France métropolitaine. Les taux régionaux varient de 189 en Île-de-France à 279 dans le Nord– Pas-de-Calais. Les régions présentant les taux les plus élevés sont en partie les mêmes que pour la mortalité masculine, à savoir le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne, l’Alsace, la Bretagne, la Lorraine et la Picardie, régions auxquelles s’ajoute la Corse. De nouveau, la région Île-de-France se caractérise par la mortalité la plus faible, avec un taux inférieur à 200 pour 100.000, seule région dans cette situation.
 
Les taux de mortalité prématurée régionaux sont marqués par des écarts importants : ainsi, le taux observé chez les femmes en Nord-Pas-de-Calais est plus du double du taux des Pays de la Loire (24,3 pour 100.000 femmes âgées de moins de 65 ans contre 11,5). Le Nord-Est de la France, la Corse et le Limousin pour chacun des deux sexes ainsi que l’Auvergne chez les hommes et le Languedoc-Roussillon chez les femmes se distinguent par une mortalité plutôt élevée. Les mortalités les plus faibles s’observent en Pays de la Loire et en Île-de-France pour les deux sexes. Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes complètent le trio des régions présentant un taux faible respectivement chez les hommes et chez les femmes.
 
Pour répondre à ce problème grave de santé publique, la Fédération Française de Cardiologie, s’est mis en ordre de marche pour solliciter un Plan Coeur. Les Etats Généraux furent lancés dès le mois de mars 2012. Six rencontres ont été ainsi organisées dans toute la France pour réfléchir à une meilleure coordination de la prévention, de la recherche et du suivi des maladies cardiovasculaires.
 
Elles réunissaient les pouvoirs publics, les institutions sanitaires et sociales, les élus mais aussi les personnes malades et leurs associations, les professionnels de santé et les chercheurs. Terrain d’échange et de réflexion exceptionnel, ces rencontres ont rassemblé l’ensemble des parties prenantes dans des domaines aussi variés que la recherche, les soins mais aussi l’activité physique, la nutrition, la vie au travail, etc. Elles ont permis à chacun de s’interroger sur les grandes questions qui se posent dans le domaine des maladies cardiovasculaires et de tenter d’y apporter des réponses.
 
Il s’agissait de :

- Répondre à l’urgence face à l’accident cardiovasculaire, le 6 mars 2012 à Lyon

- Améliorer le suivi au cours d’une maladie cardiovasculaire le 7 Juin 2012 à Nîmes

- Mieux prendre en charge les femmes, ces grandes oubliées le 27 septembre 2012 à Lille

- Optimiser la recherche le 6 décembre 2012 à Nantes

- Faire le point sur la Prévention le 5 avril à Strasbourg

- Débattre sur la réinsertion sociale des personnes malades le 3 octobre à Bordeaux

- Parmi les pistes stratégiques des EG dans le domaine de la prévention : la lutte contre les inégalités sociales et la malbouffe.
 
Les parties prenantes pour un Plan Coeur recommandent des programmes de santé publique sur la nutrition qui doivent gagner en efficacité, en conjuguant le national et le local, l’éducation, la communication et l’action (par exemple dans les cantines) et, surtout, en agissant sur un facteur majeur du surpoids et de l’obésité : les inégalités sociales.
 
Toutes les données ont été retranscrites dans un Livre Blanc qui sera remis officiellement le 17 octobre 2014 auprès du Conseil Economique et Social lors du prochain colloque intitulé « Maladies cardiovasculaires et société ».

Publié le 11/09/2014 à 04:00 | Lu 2849 fois