La retraite et les Français : les résultats de la dernière étude AXA France

Une très large majorité (neuf Français sur dix) assimile la retraite à une période de liberté, pleine d’activités. Cependant, les trois-quarts d’entre eux ne connaissent pas le montant réel qu’ils toucheront à la retraite. Voici donc les principaux résultats d’ étude exclusive réalisée par l’institut de sondage Ipsos pour le compte d’AXA France. Détails.


Depuis le vote l’an dernier de la reforme des retraites, les Français, aujourd’hui âgés de moins de 45 ans, définissent unanimement l’horizon des 65 ans comme le plus probable pour leur départ à la retraite.

Le passage à la retraite va se concrétiser pour la plupart des Français par une baisse de revenus d’environ 50%. C’est dans ce contexte qu’AXA France a souhaité comprendre la perception des Français à l’égard de cette période de la vie…

Cette étude montre que les Français ont une vision très paradoxale de la retraite : d’un côté, « la retraite que je veux », faite de profondes aspirations individuelles à de nouvelles libertés, de vrais choix personnels, de plaisirs… De l’autre, « la retraite que je peux », faite de contraintes extérieures qui hypothéqueront l’épanouissement et la qualité de vie attendus à l’âge de la retraite » résume Yannick Carriou, directeur général d’Ipsos.

« La retraite que je veux » : pas une fin de vie, mais une autre vie, plus libre

Un Français sur deux affirme penser à la retraite au moins une fois par mois… Pour les deux-tiers (65%) des Français il s’agit d’une période positive, quand 9% seulement la jugent négative. Un sentiment positif qui s’accentue avec l’âge : 83% des retraités le partagent. Ces derniers ont bénéficié de la retraite à 60 ans, des progrès de la médecine et du maintien en bonne santé. Ils constituent la « golden senior génération ». Leurs aspirations sont multiples.

Pour 89% des Français, la retraite est identifiée comme une période enfin moins contraignante et offrant plus de libertés. « Si la retraite était une rupture il y a encore quelques années, elle est désormais pleinement intégrée à la vie. C’est un sentiment d’autant plus prégnant que les Français sont désormais en pleine santé à 65 ans et en pleine possession de leurs moyens tant physiques qu’intellectuels. L’émergence du concept de « vie en plus » traduit parfaitement les attentes des Français par rapport à cette période », précise encore Yannick Carriou.

Profiter pleinement de sa retraite !

Les Français entendent commencer à vivre « pour eux ». Neuf sur dix avouent qu’à la retraite ils s’occuperont en priorité d’eux-mêmes, loin devant le conjoint (68%) et les petits-enfants (59%). La priorité donnée à soi-même fait vaciller le schéma de la transmission : 18% des Français assument ne rien vouloir transmettre de leur capital ; seuls 9% sont prêts à limiter leurs dépenses pour laisser à leurs descendants le maximum de capital.

« Ces chiffres montrent que les Français ont un sentiment très fort de contrainte durant leur vie d’actif. Aussi, dans leur projection personnelle, ils se donnent le droit à un temps de liberté à la retraite, et cette absence de contrainte s’applique tant aux activités qu’aux relations sociales. Le concept de Mamie gâteau est désormais révolu. La femme retraitée n’est pas une grand-mère à plein temps. Elle peut s’occuper de ses petits-enfants mais est avant tout une femme active, qui entend profiter de ce temps de vie », décrypte Yannick Carriou.

Si la retraite est vécue comme un temps de renouveau, elle n’en est pas moins placée sous le signe de la continuité et de l’hédonisme. A la retraite, 92% des Français envisagent de conserver les loisirs qu’ils pratiquent actuellement et même d’en expérimenter de nouveaux, comme de se lancer dans la réalisation d’un projet qui leur tient à cœur pour 22% d’entre eux.

La retraite et les Français : les résultats de la dernière étude AXA France
Ne pas rester inactif !

La retraite ne rime plus avec inactivité professionnelle dans l’esprit des Français : 35% d’entre eux s’imaginent travailler pendant cette période de vie. Parmi ceux-là, seulement 16% le feront uniquement par obligation, tous les autres y ajoutent une dimension de plaisir.

Près de six Français sur dix se projettent dans une vie sociale active. Pratiquement les deux-tiers (64%) pensent qu’ils conserveront les mêmes amis et 43% qu’ils les verront même plus souvent. Cette logique de continuité s’applique également à la vie amoureuse et intime. En effet, 90% des Français en couple imaginent prolonger leur histoire avec la même personne à l’âge de la retraite.

Près d’un Français sur deux pense avoir une vie sexuelle aussi active à la retraite quand seuls 21% envisagent une moindre activité. « Ce mélange de continuité et de rupture, d’action et de repos illustre parfaitement la vie de retraité rêvée. Dans le même temps, les Français se disent très angoissés par la perspective du vieillissement, qu’ils associent au déclin, à la diminution de leurs capacités par le risque de perte de revenu », précise Serge Guérin, sociologue, auteur de « La nouvelle société des seniors »

En résumé, 85% des Français considèrent la retraite comme la suite logique de leur vie et 15% seulement comme une véritable rupture.

« La retraite que je peux » : la double angoisse de la santé et des finances
Pour six Français sur dix, la retraite renvoie aussi à l’angoisse de vieillir, aux problèmes de santé et à la perte de leurs facultés mentales. Ainsi, 83% des Français imaginent qu’ils pourront devenir dépendants. Les jeunes sont les plus pessimistes quant à leur capacité à profiter longtemps de la retraite : huit ans chez les moins de 24 ans, six ans chez les moins de 35 ans.

La seconde source d’inquiétude pour les Français se situe au niveau financier. Ils doutent de la capacité de l’Etat à maintenir le système par répartition actuel. De fait, 81% des Français pensent qu’ils ne toucheront pas leur retraite comme prévu aujourd’hui. Un quart des jeunes actifs de 25 à 34 ans pense même qu’ils cotisent « à fonds perdus » car le système aura changé d’ici là. Et pourtant… Trois Français sur quatre comptent sur la pension légale comme source principale de revenus à la retraite (64% des Français).

« Les réformes et débats successifs ont mis en évidence un cadre législatif mouvant, renforçant ainsi le sentiment de défiance des Français à l’égard de l’Etat et des acteurs publics. L’Etat Providence, modèle des Trente glorieuses, leur semble de plus en plus fragilisé et incapable d’assurer ses missions sociales et de protection, en particulier pour la retraite. Un sentiment qui est très prégnant chez les jeunes générations et qui met à mal le pacte de solidarité intergénérationnelle », précise encore Serge Guérin.

Six Français sur dix estiment qu’ils devront porter plus d’attention à leurs futures dépenses. « La retraite que je veux » est confrontée à « la retraite que je peux ». Les Français sont conscients qu’ils devront diminuer leurs dépenses en priorité sur les plaisirs : vêtements/chaussures (52 %), le bricolage (46%), voyages (23%), restaurants (39%) et soins du corps (40%). Les Français envisagent de profiter pleinement de la retraite pendant dix ans seulement.

Ignorance et immobilisme : les Français restent figés et perdus

Un tiers des Français avoue ne pas connaitre le montant qui lui sera versé à la retraite (six Français sur dix vont même jusqu’à la surestimer). Face aux problèmes de leurs retraites, nos compatriotes semblent tétanisés... Ils restent attentistes tout en craignant les conséquences de leur passivité. Cette étude souligne le paradoxe entre le désir des Français de bien vivre leur retraite et la réalité de son financement.

« Tout l’enjeu d’AXA France est de faire prendre conscience aux Français de l’écart important qui existe entre la retraite dont ils rêvent et les moyens qu’ils mettent concrètement en oeuvre pour la réaliser, explique Nicolas Moreau, directeur général d’AXA France. Cela passe dans un premier temps par une sensibilisation au montant de la retraite légale qu’ils percevront, c’est-à-dire en moyenne 50% de leurs revenus antérieurs »

« Nous souhaitons aussi informer les Français qu’il n’existe pas de produits miracle pour préparer sa retraite. En revanche, c’est en s’y prenant tôt qu’il est possible de se constituer sa retraite, sans pour autant sacrifier son quotidien », précise-t-il.

Plus précisément, 45% des Français n’ont pas d’idée précise de l’âge à partir duquel ils devraient commencer à préparer leur retraite, ni le montant qu’il leur faudrait épargner (64%), pas plus que les produits à privilégier pour le faire (57%), Seuls 37% ont commencé à préparer leur retraite à 35 ans, un pourcentage qui n’atteint que 50% à 42 ans, et 58% seulement à 55 ans.

La retraite et les femmes

Les femmes semblent moins préoccupées par la retraite. Elles l’attendent avec moins d’impatience que les hommes, sans doute parce qu’elles ont une idée moins précise de ce qu’elles feront. Ainsi, 71% estiment que le montant qui leur restera à la retraite ne leur suffira pas à vivre et 39% d’entre elles n’ont aucune idée du pourcentage qui leur restera au moment de la retraite (vs. 31% pour les hommes). Un tiers (34%) envisage de travailler, moins par plaisir que les hommes (35% vs 45%).

A égalité avec les hommes, les Françaises ne préparent pas leur retraite (une sur trois). Raison invoquée : le manque de moyens plus présent chez les femmes. Une sur trois affirme que la source principale de ses revenus à la retraite sera la pension de son conjoint. A 42% les femmes s’imaginent vivre en ville et pensent qu’elles seront locataires (57% vs. 52% des hommes). Presque un tiers d’entre elles ne savent pas avec qui elles vivront au moment de la retraite.

Leur vie amoureuse est imaginée comme moins épanouie que les hommes. Elles pensent avoir moins de relations sexuelles (35% une fois par semaine contre 49% pour les hommes). Cette période est (plus que pour les hommes) un moment où elles s’occuperont des autres, en particulier de leurs parents et petits enfants. La retraite est donc parfois perçue par les femmes avec une sorte de fatalité comme une période de vie moins positive (62%) que pour les hommes (70%), faute de moyens financiers.

Les retraites et les travailleurs non salariés (TNS)

Un tiers seulement des Travailleurs Non Salariés (TNS) attend la retraite avec impatience (vs. 43% pour l’ensemble des Français). De plus, 61% d’entre eux poursuivront une activité professionnelle pendant leur retraite et bénéficieront de plusieurs sources de revenus (location de biens immobiliers, ou investissements financiers…).

Les TNS anticipent également mieux leurs finances au moment de la retraite. Près de la moitié préparent leur retraite (vs. 37% de l’ensemble des Français) en investissant pour 53% d’entres eux dans un produit financier. De plus, 31% ont souscrit une assurance multi-supports (vs.18% des Français) ou une retraite Madelin. Pour être conseillés, ils se tournent naturellement vers les mêmes acteurs que ceux choisis par l’ensemble des Français, mais prennent avis plus largement auprès de leur comptable (34%) ou de leur assureur (30% vs. 16% pour les
Français).

Très actifs, ils prendront un peu moins de temps que l’ensemble des Français pour s’occuper d’eux mêmes, de leur famille et de leur couple (en moyenne, 6 à 8% de moins que les Français). De même, ils sont moins nombreux à imaginer réaliser des projets qu’ils avaient en tête depuis longtemps, faute de temps, ou découvrir et apprendre de nouvelles choses.

Publié le 11/10/2011 à 09:56 | Lu 2332 fois