La Fondation Partage et Vie et l'intergénération

Depuis des années la Fondation travaille dans le domaine de l’intergénérationnel. Des Jeunes volontaires en service civique aux étudiants de Science-Po, le point sur les différentes initiatives qui réunissent jeunes et… moins jeunes.





Les Intergénéreux
Avec l’association Unis-Cité, la Fondation est partenaire du programme Les Intergénéreux. Ce programme a pour objectif de faire intervenir des jeunes volontaires en service civique auprès de personnes âgées ou handicapées dans les établissements de la Fondation.
 
Les jeunes sont invités à créer une relation individualisée avec les personnes âgées pour mieux répondre à leurs envies et à leurs besoins : faire une lecture à voix haute du journal, engager une partie d’échec, les initier à l’informatique, les aider à jardiner, les accompagner pour faire des courses, ou simplement être là pour bavarder, échanger des souvenirs.
 
Ils interviennent en relais des professionnels. Ils participent aux animations. Ils amènent une « bouffée d’air frais et de jeunesse » comme se plaisent à dire les résidents. S’engager dans une démarche de service volontaire témoigne de leur grande motivation. Des relations fortes se nouent avec les résidents qui les attendent souvent avec impatience.
 
Partenariat gagnant-gagnant, les jeunes acquièrent, à travers cette mission d’intérêt général, une expérience et des compétences qu’ils peuvent valoriser à titre tant personnel que professionnel. Dans les établissements, des référents les accompagnent pour favoriser leur intégration et les aider à surpasser leurs appréhensions éventuelles vis-à-vis du grand âge.
 
Un suivi régulier permet d’identifier les points forts et les difficultés de chacun. Pour certains, c’est l’occasion de se familiariser avec un futur métier : infirmière, aide-soignant, psychologue, directeur d’établissement… 18 établissements de la Fondation sont engagés dans le programme Les Intergénéreux.

Témoignage : Christophe, jeune volontaire dans l’établissement Père Brottier à Pléchâtel
« Être au contact de personnes âgées invite à se poser beaucoup de questions sur soi, sur l’âge, sur comment on sera soi-même plus tard… C’est une très bonne expérience qui m’a permis de prendre confiance en moi, de faire des rencontres, d’ouvrir mon esprit. Tous les volontaires déjeunent avec les résidents le midi. Cela permet d’apprendre à mieux se connaître. Le simple fait de prendre de leurs nouvelles et d’échanger permet aux résidents d’avoir un contact avec des personnes de l’extérieur. C’est un moment de détente et de bien-être parce que nous créons un lien d’égal à égal, hors du cadre aidant-aidé, jeune-vieux... C’est ce que j’espère avoir apporté. Même pour des personnes atteintes d’Alzheimer qui oublient qui je suis d’une visite à l’autre, je peux observer ce bien-être à travers leurs sourires. »
 
Témoignage : Pascal Deully, infirmier coordinateur de l’établissement Le Val des Roses à Dunkerque
« J’invite les jeunes à mettre en place des ateliers en lien avec ce qui les inspire : cours d’informatique, jeux de société... L’objectif c’est de donner de son temps, de provoquer un échange. Le bien-être que les jeunes volontaires apportent aux résidents, ils le reçoivent en retour par des sourires. Cette relation apporte beaucoup à chacun. »

Science-Po : un partenariat riche en échanges
Depuis plusieurs années, un partenariat avec Sciences-Po Poitiers permet aux étudiants de la prestigieuse école et aux résidents de La Grand’Maison des Sacrés-Coeurs de se réunir lors de conférences-débats sur des thèmes liés à la citoyenneté et à l’actualité : la place des femmes dans notre société, les souvenirs de guerre, les élections…
 
Les rencontres ont lieu tous les dix jours. Les échanges sont nourris et l’enrichissement réciproque : les étudiants tirent enseignement de l’expérience des personnes âgées qui, de leur côté, apprennent à mieux connaître la réalité de ce que vivent les jeunes aujourd’hui. Grâce au succès de ces rencontres, d’autres activités ont été mises en place : des étudiants viennent aujourd’hui participer à des activités artistiques avec les résidents : peinture, origami, photographie...
 
Cela a permis d’instaurer un autre type de contact, plus ludique, et a élargi le public de personnes âgées intéressées à rejoindre le groupe. Une complicité s’est instaurée et certains étudiants ont pris l’habitude de rendre visite aux résidents en dehors des séances de débat collectif et des activités manuelles.

Témoignage : Martin, étudiant en 2e année à Sciences-Po
« Sciences-Po nous encourage à monter des projets citoyens de terrain : certains d’entre nous travaillent avec les zones d’éducation prioritaire, la prison, la communauté tzigane. Moi, j’ai choisi de travailler avec La Grand’Maison des Sacrés-Coeurs pour des raisons liées à mon histoire et à mes origines. Je viens en effet de Quito en Équateur. Dans mon pays, nous avons un rapport aux personnes âgées différent d’ici. Il y a très peu de maisons de retraite : nous considérons qu’il est de notre responsabilité de nous occuper de nos parents et grands-parents jusqu’à la fin de leur vie.
 
J’avais donc un regard plutôt négatif sur les EHPAD, avec en tête le cliché de lieux un peu tristes dans lesquels on « abandonnait » nos aînés. Je voulais faire partager à d’autres personnes la relation très forte qui unit ma génération à celle de mes grands-parents. La grande et bonne surprise, c’est alors que je venais pour donner, j’ai reçu beaucoup. De la part des personnes âgées mais aussi de la part du personnel de l’établissement dont j’ai pu mesurer l’investissement pour faire de La Grand’Maison un lieu de vie chaleureux, dynamique et ouvert sur l’extérieur. J’ai rencontré des gens avec qui je partage le même objectif, les mêmes valeurs. C’est enthousiasmant. Les personnes âgées sont également très réceptives à notre venue. Si je devais résumer le projet et notre mission, je parlerais de « dialogue intergénérationnel ».
 
Nous nous apportons beaucoup mutuellement. On apprend énormément sur soi, sa génération, la société dans laquelle on évolue à travers l’histoire des aînés. Et nos échanges permettent aux personnes âgées de maintenir le lien avec le monde tel qu’il est aujourd’hui. J’ai trouvé dans cet établissement bien plus que ce que je venais y chercher. Et j’ai l’intime conviction que c’est en apportant aux personnes âgées l’écoute et la reconnaissance qui leur sont dues que notre société retrouvera la dignité à laquelle elle doit aspirer.
»

Article publié le 24/07/2017 à 01:00 | Lu 1469 fois