L’activité physique : le meilleur moyen de rester vivre à domicile (partie 2)

Alors que se tient actuellement la 3ème Semaine nationale du maintien à domicile des seniors (18/24 novembre 2013), rappelons que fort logiquement, le maintien à domicile reste le choix prioritaire des seniors... Dans cet esprit, il faut savoir que l’activité physique est la meilleure alliée pour rester chez soi en bonne santé le plus longtemps possible…


« La pratique régulière d’une activité physique permet de retarder ou de ralentir certains processus délétères liés au vieillissement. Le maintien des capacités physiques apparaît alors essentiel pour conserver l’indépendance et préserver la qualité de vie au cours de l’avancée en âge. »
 
La part du temps consacré à l’activité physique de loisirs (par rapport au temps global de l’activité physique totale) diminue avec l’âge, passant de 30,5% chez les moins de 26 ans à 13,7% chez les 65-75 ans. Pourtant, il a été démontré le rôle capital de l’activité physique dans la préservation de la mobilité du sujet âgé et dans la diminution du risque d’incapacité et de chutes.
 
Le déclin fonctionnel provoqué par le vieillissement est en grande partie dû à la dégradation de la fonction musculaire et à une réduction de la masse musculaire. Or, il est possible d’agir efficacement sur ces altérations par le suivi d’un programme d’activité physique, même à un âge très avancé.
 
Les programmes combinant des exercices d’équilibre, de renforcement musculaire des membres inférieurs, de souplesse et/ou d’endurance notamment, permettent de réduire significativement le risque de chutes chez le sujet âgé et même chez le sujet âgé fragile.
 
Plusieurs études ont par ailleurs montré un taux d’incidence des fractures de col du fémur de 20 à 40% plus faible chez les individus qui déclarent être physiquement actifs comparés à des sujets sédentaires.
 
Outre l’amélioration du tonus musculaire, la pratique d’une activité physique agit sur les plans cardio-vasculaire (amélioration de la performance cardiaque, meilleure vascularisation tissulaire), respiratoire (augmentation de la consommation d’oxygène, meilleure oxygénation cellulaire), métabolique (meilleur profil lipidique, moindre production de lactates, augmentation de la sensibilité à l’insuline), locomoteur (augmentation de la force musculaire, prévention de l’ostéoporose), neuropsychique (moins de dépression et d’anxiété, meilleur sommeil et meilleur contrôle de soi) et psychosociaux (vie active, attitude positive devant la vie, intégration sociale).
 
Inciter les seniors à bouger d’avantage n’est donc pas une lubie hygiéniste moderne mais une réponse à un véritable problème de santé publique.

Interview de France Mourey, maitre de conférences à l’université de Bourgogne Unité INSERM U1093

Les scientifiques s’accordent à dire que la sédentarité aggrave d’une manière considérable les effets négatifs de l’âge, mais il semble difficile de disposer de données épidémiologiques chiffrées et éloquentes sur le sujet. Pourquoi ?

Il est parfaitement juste de dire que l’hypoactivité a des répercussions importantes sur l’aggravation de certains déficits fonctionnels existants et qu’elle contribue à favoriser l’apparition de pathologies. De même qu’il est justifié de dire que qu’elle prédispose à la dépendance.
 
C’est une véritable problématique de santé publique attestée par nombre d’études médicales. Mais sur le plan méthodologique, il est en effet difficile de chiffrer l’impact de la sédentarité sur les gens, en particulier sur une population aussi hétérogène que celle que l’on regroupe sous l’ombrelle « seniors » et qui va de 55 à 75 ans.
 
Nombre de sondages et d’études se portent par ailleurs sur des populations englobant les 15-75 ans : il n’est pas étonnant de voir alors 42% des répondants déclarer une activité physique élevée. Et encore faut-il se mettre d’accord sur la définition à donner d’une activité physique élevée. Car, quand on parle « d’activité physique », on distingue l’activité physique liée au travail d’un côté, l’activité physique liée aux activités domestiques de la vie courante et l’activité physique liée à la pratique d’un sport.
 
Chacun s’approprie à sa manière ces qualifications, de là toute la difficulté d’avancer des chiffres qui, selon la manière dont est interrogé le répondant, peuvent être aux antipodes les uns des autres. Cela ne signifie pas que les sondages existants soient disqualifiés, ils ont un réel intérêt, mais il faut que les variables d’ajustement prennent en considération ces éléments de contexte.
 
En France, la situation est-elle particulièrement préoccupante ?

Elle est préoccupante mais notre pays se place dans la moyenne des pays européens sur le sujet, les meilleurs élèves étant les Pays-Bas et l’Allemagne sans qu’il soit aisé d’en expliquer les raisons.
 
Quelles solutions pour favoriser l’activité physique chez les personnes âgées ?

Il faut proposer d’avantage d’ateliers attractifs en termes de contenu et d’accessibilité, surtout pour les plus de 75 ans. Les programmes doivent être adaptés en fonction de l’âge et des capacités de chaque segment de la population senior : les personnes qui ont entre 60 et 70 ans ont des capacités quasiment similaires aux gens plus jeunes, s’ils sont entraînés. En revanche au-delà, des aménagements de contenu sont vraiment nécessaires. La notion de « plaisir » est très importante, les personnes âgées n’adhéreront à ce type de programmes que si elles y trouvent une source de bien-être immédiat.
 
Que pensez-vous des clips « Seniors Toniques » réalisés pour la Semaine du Maintien à Domicile ?

Il faut utiliser tous les supports exploitables pour rappeler aux gens que l’activité physique fait du bien. Ce type d’initiative constitue un point d’entrée dans la problématique. Mais il importe, dans un second temps, qu’un tel dispositif soit complété par une activité collective en extérieur.
 
Selon vous, le maintien à domicile, c’est capital ?

Tant que le niveau de dépendance n’est pas élevé et que les ressources sont suffisantes, il faut le favoriser oui. D'autant que c’est le premier choix des seniors. D'où l’importance de maintenir son niveau de dépendance au plus bas et le plus longtemps possible.

Publié le 21/11/2013 à 03:05 | Lu 1453 fois