Jeanne : Nicole Croisille en vedette au Théâtre du Petit Saint-Martin à la rentrée

La chanteuse et comédienne Nicole Croisille, 80 printemps, sera au Théâtre du Petit Saint-Martin à Paris à partir du 27 septembre 2017 dans le rôle principal de la pièce Jeanne de Jean-Robert Charrier, mise en scène par Jean-Luc Revol. A vos réservations !





Le point de vue de Jean-Luc Revol, metteur en scène

Jeanne est un personnage attachant. Jeanne est un personnage insupportable. Et c’est justement la complexité de Jeanne qui m’intéresse, car elle est toujours là où on ne l’attend pas. On croit avoir à faire à une femme cloîtrée dans son petit appartement, en proie à des persécutions réelles ou imaginaires, un être qui s’est refermé sur lui-même et qui a fait le deuil de la confiance en l’humain.
 
Et puis, voilà qu’un jeune homme, Marin, débarque dans sa vie, et c’est à une métamorphose que nous allons assister. La carapace va se fissurer et petit à petit laisser place à l’espoir d’une relation et, pourquoi pas, à une nouvelle forme d’amour et d’amitié. Il va donc falloir avancer par petites touches, car la pièce, comme Jeanne, recèle des surprises, et va même parfois basculer dans le fantastique.
 
On peut penser à Edward Carey et son personnage de L’observatoire, perdu dans son immeuble, au Polanski de Répulsion ou du Locataire, la schizophrénie en moins. Pourtant nous ne sommes pas dans un drame, au contraire, car Jeanne a le verbe haut et la réplique acide, ce qui nous fait souvent naviguer dans les eaux de la comédie.
 
Mais le plus important reste la relation qui se noue entre elle et Marin. Une amitié sensible, qui avance par petites touches et qui constitue le coeur de la pièce. Le défi, pour le metteur en scène, sera d’assembler tous ces degrés de lecture pour proposer un tableau d’ensemble cohérent ; de faire la navette entre le spectateur et les personnages pour tricoter la relation complexe qui se noue devant lui.
 
Nous avons fait le choix d’une scénographie épurée. Même si l’enfermement est un des thèmes importants de la pièce, nous avons préféré privilégier l’idée de hauteur (Jeanne habite en haut d’une tour), et l’espace qui l’entoure (le ciel), comme un vide oppressant supplémentaire. Et la porte qui s’ouvre dans ce ciel fantasmé, n’est que le prolongement de celle de son appartement, toujours fermée à double-tour. Une simple baie vitrée la sépare de ce vide omniprésent d’où elle se sent toujours observée.
 
De même, un soin particulier sera apporté aux sons qui constituent l’univers mental de Jeanne. Nous devrons construire un univers particulier, basé sur le réel (les voisins, l’appartement...) mais qui devra refléter la manière dont Jeanne les perçoit. Car, au bout du compte, tout cela est-il réel ?

Il faudra nous rendre Jeanne attachante dans ses questionnements et sa relation avec Marin. Car la force de la relation qui se noue devant nous ne peut nous laisser indifférents. Nous sommes face à un théâtre de chair, un théâtre du coeur... Jeanne est souvent insupportable, mais elle deviendra un personnage attachant que l’on n’oubliera pas. 

​Nicole Croisille en quelques mots

Elle a fait ses débuts professionnels à La Comédie-Française, en tant que danseuse dans les comédies ballets de Molière sous la direction de Léone Mail, épouse de Robert Manuel, qui en assurait la mise en scène comme au temps de Molière. Puis elle a rejoint Marcel Marceau, le mime mondialement connu, au Théâtre de l’Ambigu à Paris et a fait partie de sa troupe pendant quatre ans.
 
En 1957, elle est choisie par George Reich pour être la jeune première de L’apprenti fakir, écrit costumé et décoré par Jean Marais au Théâtre de la Porte Saint-Martin. En 1966, après un séjour d’un an à New York, au Broadway Théâtre avec une revue des Folies Bergère, elle enregistre en compagnie de Francis Lai et Pierre Barouh, la Bande Originale du film de Claude Lelouch Un homme et une femme.
 
En 1992, elle est Dolly de la comédie musicale Hello Dolly, au Théâtre du Châtelet à Paris en compagnie d’une troupe américaine et à partir de 1996 se consacre au théâtre en reprenant des rôles créés par Jacqueline Maillan, en tournée et à Paris, tout en alternant avec des concerts de Jazz en 2010, elle joue Jalousie en 3 mails au Théâtre du Lion d’or à Lyon mise en scène de Didier Long et à Paris au Théâtre Montparnasse.
 
En 2013, elle prend le rôle de Carlotta dans Follies de Stephen Sondheim à l’Opéra de Toulon, puis en 2014, elle devient Fraulein Schneider dans Cabaret, avant d’incarner Maman dans Irma la douce. Elle a continué sa carrière de chanteuse en parallèle au théâtre et à la Télévision, au cinéma elle était récemment dans La Cage Dorée. En 2016, elle joue Madame Peachum dans L’Opéra de Quat’sous de Kurt Weil. 

Article publié le 30/08/2017 à 02:31 | Lu 2812 fois