JNM : rééducation, apprendre à mieux voir malgré une DMLA

Après une pathologie de la macula, la vision centrale est souvent altérée. Pour permettre aux patients de retrouver de l’autonomie dans leurs activités, de lire leur courrier, signer un chèque ou traverser une rue, une rééducation est possible. L’idée : apprendre à mieux voir en optimisant sa vision résiduelle et en s’appuyant sur ses autres sens… et une éventuelle aide optique. Le point avec l’Association Macula. Le point avec l'Association Macula.





Les pathologies de la macula, comme la DMLA, la maculopathie diabétique ou l’œdème maculaire consécutif à une occlusion veineuse rétinienne (OVR), peuvent largement réduire les capacités visuelles des patients : la vision fine est altérée et, avec elle, la possibilité de lire, reconnaître les visages, etc. Ainsi, l’acuité visuelle est réduite sans pour autant qu’il y ait cécité : on parle alors de basse vision (ou malvoyance).
 
Pour autant, l’acuité visuelle n’explique pas tout : deux personnes présentant une déficience visuelle comparable en termes de mesure d’acuité peuvent présenter des comportements différents (lire plus ou moins vite, reconnaître ou confondre les pièces de monnaie, etc.). Pourquoi ? Parce que l’une a appris à utiliser au maximum ses capacités et sa vision fonctionnelle résiduelle, et l’autre pas. Ainsi, afin que les déficients visuels utilisent au mieux leur vision fonctionnelle, une réadaptation est nécessaire.
 
La rééducation en basse vision repose sur une équipe pluri-professionnelle comprenant ophtalmologiste, orthoptiste, opticien, médecin traitant (généraliste, gériatre, gérontologue), et selon les cas, ergothérapeute, psychiatre, psychologue, psychomotricien, assistante sociale et association de patients.
 
L’orthoptiste
L’orthoptiste aura en charge la rééducation de la vision fonctionnelle. Lors d’une prise en charge pluridisciplinaire dans des centres de rééducation fonctionnelle, l’orthoptiste est souvent en première ligne avec jusqu’à 6 séances par semaine.
 
Comment ça marche ?
Le patient apprend à utiliser la partie de sa rétine qui n’est pas lésée et à tirer le meilleur parti d’éventuelles aides visuelles (loupe, téléagrandisseur, etc.). L’entraînement visuel sert à reprendre des activités de lecture et d’écriture et à acquérir rapidité et endurance dans ces tâches.
 
Les résultats ?
Au terme d’une rééducation intensive de 6 semaines, la vitesse de lecture peut doubler, passant de 20 à 40 mots par minute par exemple.
 
L’opticien spécialisé en basse vision
L’évaluation de l’opticien est généralement effectuée en deux temps : l’entretien pour hiérarchiser les besoins individuels de la personne (lecture, écriture, etc.) et le bilan optique pour sélectionner les moyens proposés et préparer l’appareillage choisi.
 
Comment ça marche ?
Sur la base du  besoin de grossissement qu’il définit comme nécessaire et des tâches que le patient souhaite accomplir, l’opticien spécialisé en basse vision sélectionne le produit qui lui paraît le mieux adapté. L'appareil est prêté avant tout achat, pour que la personne puisse l'évaluer et le confronter à ses besoins.
 
Les résultats ?
Il n'existe pas de produit que l'on puisse considérer comme le meilleur pour tous : chaque produit est différent, avec ses avantages et ses faiblesses, de même que chaque patient est différent, en termes d’atteinte visuelle, de mode de vie, etc. Le choix du matériel doit être le résultat d'un cheminement avec un opticien spécialisé en basse vision, en fonction des capacités visuelles évaluées par l'ophtalmologiste et en collaboration avec l'orthoptiste qui suit le patient.
 
L’ergothérapeuthe
L’ergothérapeute analyse, avec la personne, ses activités quotidiennes et les compétences nécessaires pour maintenir son autonomie et ses habitudes de vie, de la préparation des repas (l’audition et l’odorat pour la cuisson d’une viande) aux moyens de paiement (entraîner le toucher superficiel pour identifier les pièces de monnaie).
 
Comment ça marche ?
Cela peut paraître de prime abord contre-intuitif, mais l’image perçue ne se forme pas dans l’œil mais dans le cerveau ; or ce dernier traite l’information qui lui arrive certes de l’œil, mais aussi des autres sens, dont le toucher, l’ouïe ou l’odorat. Ainsi, quand les mains viennent compléter le regard, le cerveau reçoit davantage d’informations à agréger et construit une image plus correcte, donnant à la personne la nette impression de mieux voir (même si son acuité visuelle ne s’est pas améliorée).
 
Les résultats ?
Certaines activités redeviennent possibles : apprendre à sentir avec l’ongle le dentelé de la tranche d’une pièce de monnaie va aider le cerveau à mieux distinguer une pièce de deux euros d’une pièce de 50 centimes ; une marque tactile va aider au repérage d’un programme sur une machine à laver ou un micro-onde ; etc.
 
L’instructeur en locomotion
L’instructeur en locomotion enseigne au patient les stratégies et les conseils nécessaires afin d’optimiser la sécurité des déplacements. En effet, une personne atteinte par exemple de DMLA chute 25 % de plus, en raison de difficultés à repérer les obstacles. L’instructeur en locomotion va donc proposer des stratégies pour gagner en sécurité.
 
Comment ça marche ?
L’instructeur apprend au patient à prendre le temps d’analyser son environnement en s’appuyant sur ses autres sens, par exemple l’ouïe pour évaluer le débit des voitures. Des outils, peuvent, selon le souhait du patient, être testés : une canne - blanche ou jaune -, une aide optique pour lire le nom d’une rue, etc.
 
Les résultats ?
Un net gain en confiance, autonomie et sécurité dans ses déplacements.

Article publié le 04/07/2017 à 01:00 | Lu 3758 fois