Greffes rénales : les cinq étapes du prélèvement pour le donneur

Alors que l’Agence de la biomédecine lance une grande campagne d’information sur le don du rein par des donneurs vivants, faisons le point sur les cinq étapes d’un prélèvement pour le donneur ; prélèvement totalement pris en charge financièrement. Explications de ce parcours qui permet de sauver des vies de proches malades.


1. L’information
Le don de rein du vivant est un sujet complexe que certains candidats à la greffe n’osent pas aborder avec leur entourage. Le processus de qualification du donneur est long. C’est pourquoi l’information doit être délivrée le plus tôt possible, idéalement par le néphrologue référent et par l’équipe de dialyse. Ce temps permet au donneur de mener à bien son projet et d’être sûr de son choix.
 
2. Le bilan médical du donneur
Le donneur potentiel est soumis à des examens cliniques, radiologiques, biologiques et psychologiques. Ce bilan peut nécessiter une courte hospitalisation et a pour objectifs :
- d’évaluer le risque chirurgical, notamment celui lié à l’anesthésie générale et à la néphrectomie ;
- de prévoir le geste opératoire et l’évolution postopératoire en réalisant une évaluation précise de l’anatomie et de la fonction de chaque rein ;
- de déterminer le groupe sanguin et le groupe tissulaire HLA, d’effectuer des tests de compatibilité (crossmatch) avec le receveur ;
- de réaliser les tests de dépistage des maladies transmissibles en application de la réglementation en vigueur ;
- d’apprécier l’état psychologique du donneur et les éventuelles conséquences socio-professionnelles du don à long terme.
 
3. La décision définitive du « Comité donneur vivant »
Le candidat au don doit exprimer son consentement devant le Président du tribunal de grande instance. Celui-ci s’assure que le consentement est libre et éclairé et que le don est conforme aux conditions de la loi. Le donneur peut revenir sur sa décision à tout moment et par tout moyen. La candidature du donneur est soumise à l’autorisation d’un comité donneur vivant pour le don de rein. Les « comités donneur vivant » sont indépendants et ont été créés pour renforcer la protection des donneurs d’un point de vue éthique.
 
Pour le don de rein, ce comité comprend trois médecins, un psychologue et une personne qualifiée en sciences humaines et sociales. Il vérifie la bonne compréhension de l’information reçue sur les risques et les conséquences éventuelles du prélèvement, sans pour autant remettre en cause le fondement de la décision médicale. Il s’assure également que le donneur vivant est libre de sa décision. La décision rendue par ce comité n’est pas motivée.
 
4. L’intervention chirurgicale
- soit par chirurgie ouverte : l’incision est réalisée soit sur le côté, en face du rein (lombotomie) soit par devant, sur l’abdomen (sous costale) ;
- soit par coelioscopie (ou laparoscopie) assistée par vidéo, ce qui permet de réduire l’importance des incisions et les douleurs post-opératoires. Les équipes recourent de plus en plus à cette pratique.
 
L’hospitalisation dure de 3 à 10 jours selon l’état de santé du donneur et le type de chirurgie. Les actifs bénéficient de 4 à 8 semaines d’arrêt de travail. Le donneur reprend ensuite une vie normale.
 
5. Le suivi après l’opération
Le suivi médical du donneur est indispensable. Il est réalisé chaque année par l’équipe de greffe ou par le médecin traitant si l’hôpital greffeur est situé trop loin du domicile du donneur. Il comporte, au minimum, un contrôle de la pression artérielle, de la fonction rénale et la recherche d’albumine dans les urines. Une échographie rénale est pratiquée tous les deux ans. Les résultats sont transmis à l’Agence de la biomédecine, qui gère un registre relatif au suivi des donneurs vivants d’organes. Ces données permettent de mieux connaître le devenir de ces donneurs.
 
Des risques maitrisés
Comme pour tout acte médico-chirurgical, le prélèvement de rein comporte un risque qui concerne l’anesthésie, l’opération chirurgicale et les suites opératoires immédiates ou lointaines. Mais ce risque est maîtrisé grâce au bilan de santé complet préalable permettant de confirmer la possibilité du don. La consultation d’anesthésie préalable à l’opération est également une étape obligatoire pour prendre toutes les précautions nécessaires et informer le donneur.
 
Par ailleurs, la surveillance post-opératoire, notamment la période de réveil, est systématiquement effectuée dans une unité spécialisée. En France, les données sur la santé des donneurs sont consignées depuis 2004 dans le registre relatif au suivi des donneurs vivants d’organes tenu par l’Agence de la biomédecine.
 
On estime un risque de décès à 3 pour 10 000 prélèvements. La majorité des complications enregistrées dans ce registre concerne des cas de problèmes peu sévères et transitoires : 22% par douleurs au niveau de la cicatrice ; 4% pour des d’infections urinaires ; 2% pour une hypertension artérielle nécessitant un traitement et 1,2% pour complications pleuro-pulmonaires. Les complications post-opératoires graves nécessitant une ré-hospitalisation et/ou une ré-intervention chirurgicale sont rares, estimées entre moins de 1% et 3% des cas environ. (Données au 31 décembre 2014 - Agence de la biomédecine).

​Prise en charge financière intégrale pour le donneur

La loi de bioéthique de 2011 prévoit l’intégralité de la prise en charge concernant le prélèvement du donneur par l’établissement de santé chargé de cet acte et de l’assurance maladie du donneur :
- Les frais médicaux : afférents au bilan pré-don, à l’hospitalisation et au suivi post prélèvement du donneur
- Les frais non médicaux éventuels sur présentation de justificatifs : transport, hébergement et restauration hors hospitalisation, indemnisations de la perte de salaire subie par le donneur, interprétariat, garde d’enfant, …

Publié le 13/10/2016 à 09:19 | Lu 3966 fois