Générations 50 ans et + : aujourd’hui et demain ? les résultats du Baromètre Humanis 2011 (partie 2)

L’édition 2011 du Baromètre Humanis/Harris Interactive* vient d’être dévoilée. Parrainé par le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale et piloté par Humanis -3ème groupe national de protection sociale- avec l’institut Harris Interactive et le concours de deux chercheurs, l'un à l'Université Paris Dauphine et l'autre à Toulouse Paul Sabatier, ce grand sondage est aujourd’hui une référence pour comprendre le comportement des seniors. Force des liens familiaux, dépendance, rôle de l’aidant, etc. Détails…


Activités et styles de vie

Rester actif, faire les activités que l’on aime et se garder du temps : 11% des répondants ont gardé une activité professionnelle après la retraite, contre 14% en 2010, et y consacrent quelques heures par semaine. Une place plus grande est accordée aux activités dites sociales (amis, famille, associations, …) au moment de la retraite.

Ceci s’explique par un besoin d’être utile et de garder une place dans la société, mais également de pallier à l’angoisse de l’isolement. Les 50 ans et + mixent les activités solitaires (lecture, télévision, radio, bricolage, …) et les moments à partager en famille ou entre amis.

Enfin, les 50-65 ans déclarent toujours garder leurs petits-enfants à 79%, mais de façon ponctuelle, en service rendu, pour un dépannage, ne voulant pas se substituer aux parents et 21% déclarent ne pas les garder ou presque jamais. Néanmoins, il est à noter une baisse de la garde des petits-enfants pendant les vacances, passant de 39% en 2010 à 30% en 2011.

La perception de l’âge

Des 50-65 ans à la recherche d’émotions positives qui font se sentir plus jeunes. Comme l’année dernière, la tendance d’âge subjectif a été étudiée en 2011. La moyenne d’âge réel des répondants avoisine toujours 57 ans. Cependant, ils déclarent avoir les mêmes centres d’intérêt que des personnes de 43 ans (contre 42,3 ans en 2010) et se comportent comme des personnes de 45,5 ans. Leur apparence physique, quant à elle, est plus proche de la réalité, soit 51,4 ans. La tendance au rajeunissement se confirme une nouvelle fois.

Fait nouveau analysé en 2011 : la tendance d’âge subjectif (âge ressenti) se détermine également suivant les émotions positives rencontrées/recherchées au quotidien. Voici quelques événements qui font se sentir plus jeunes : passer une bonne journée, des événements familiaux (naissances, anniversaires, …), avoir une bonne forme physique, avoir des projets à court terme ou un sentiment de maturité optimiste. À contrario, ceux qui font se sentir plus vieux : passer une mauvaise journée, des événements familiaux (décès, disputes, …), une mauvaise forme physique ou une attitude fataliste.

Les 50-65 ans, et en particulier les 50-54 ans, se caractérisent donc, pour 64% d’entre eux, par la recherche de situations qui suscitent des émotions positives. Les valeurs comme la maturité, l’autonomie, la sagesse, le dynamisme et la liberté caractérisent également cette tranche d’âge, néanmoins l’enquête 2011 révèle que les répondants semblent un peu moins fortement en accord avec des valeurs comme sagesse, sérénité ou encore générosité, qui perdent en intensité.

Au final, on retrouve cette volonté, voire cette urgence de vivre bien, en bonne forme, en bonne santé, pour 42% des personnes interrogées et avec la possibilité de faire les activités que l’on aime.

La dépendance

Plus de la moitié des 50-65 ans a déjà songé à sa dépendance, mais seulement l’ont déjà prévue. Les personnes interrogées ont finalement peu prévu leur dépendance. 46% n’y ont même jamais réellement pensé (55% des 50-55 ans).

Ce sont principalement les 60-65 ans (à 34%) qui ont prévu concrètement leur propre dépendance, d’abord en se constituant une épargne (15%), puis en souscrivant à une assurance dépendance (8%) et en aménageant leur cadre de vie (7%). Pour rappel, les 50-65 ans placent la dépendance en 7ème position des enjeux comptant pour leur avenir, bien après le pouvoir d’achat cité en premier par 46% d’entre eux, puis le chômage (45%), la santé (35%) et la retraite (34%). L’entrée dans la dépendance et l’apparition d’une maladie sont néanmoins les deux principales menaces pour l’avenir des répondants.

La dépendance étant même le principal marqueur du passage à la vieillesse, pour 42% des sondés. Quel est ce paradoxe ? Peu de personnes prévoient, car elles ne préfèrent pas y songer, elles sont dans le déni, la dépendance étant synonyme d’angoisse, de déchéance et de perte de liberté. « Rien que le mot… me fait peur. J’ai très peur de la dépendance.

Dépendre des autres, d’un inconnu. Je voudrais vieillir, mais pas devenir vieille, avoir toutes mes facultés d’esprit et de corps. Que me réserve l’avenir… » témoigne Anne F, 54 ans, en activité.

Une certaine idée de la prise en charge de la dépendance

Pour revenir sur les résultats du sondage réalisé en mai dernier par Humanis, sur le thème « Les Français face à la dépendance aujourd’hui et à l’horizon 2030 », les 50-65 ans ont montré combien ils étaient attachés à l’idée de « rester chez soi » et de garder leur autonomie. Interrogés sur la thématique dans le cadre du Baromètre « Générations 50 ans et + : aujourd’hui et demain ? », ils réaffirment préférer des solutions qui limitent l’impact de la dépendance sur leurs proches, ayant eux-mêmes parfois mal vécu le placement d’un parent.

Un placement en maison de retraite qui a de plus un coût. Aussi, ils se montrent favorables à une solution intermédiaire, type résidences services, un modèle communautaire privilégié au maintien à domicile, qui permet de ne pas se sentir isolé, de bénéficier de services, sans peser sur la famille. Dans le même temps, ces 50-65 ans déplorent la disparition de l’entraide, mais une entraide finalement qui renverrait sur leur perte de capacité et d’autonomie, que ce soit vis-à-vis d’un membre de la famille ou d’un voisin. L’entraide intra-générationnelle serait quant à elle mieux vécue, puisque les personnes interrogées se retrouveraient avec des individus vivant la
même situation qu’eux.

Et quand on leur pose la question : qui devrait financer la dépendance ? La complémentaire santé, puis l’État sont les deux principales instances de financement des personnes dépendantes. Même si la complémentaire santé arrive en tête des instances de financement, c’est l’État qui devrait être le financier principal des personnes dépendantes, déclarent 50% des répondants. Moins de la moitié des 50-65 ans estime que cela devrait passer par la souscription à une assurance privée.

Synthèse et principaux enseignements

Au final, les 50-65 ans portent sur le monde un triple regard entre traditions, modernité et incertitudes :

- Ils sont marqués par le passé (les traditions) : ils ont été élevés dans certaines traditions et ont en tête d’anciens schémas familiaux. Ils ont reçu de leurs parents certaines valeurs, qui sont aujourd’hui dépassées. Notamment, en terme de solidarité intergénérationnelle, ils ont en tête des images qu’ils veulent reproduire, comme prendre en charge leurs parents, …

- Ils vivent dans le présent (la modernité) : ils vivent et veulent vivre pleinement le monde d’aujourd’hui, les nouveaux moyens de communication, … Ils connaissent également l’égoïsme et l’individualisme de la société actuelle. Ils veulent vivre pour eux, se réaliser, profiter de la vie, de leur retraite, être libres et actifs.

- En même temps, ils restent inquiets pour l’avenir (les incertitudes) : ceux de leurs enfants notamment, ils veulent les aider en leur donnant les moyens financiers et humains de s’en sortir (transmission de valeurs). Ils restent également inquiets quant à leur pouvoir d’achat, garant selon eux de leur indépendance et liberté. Ils sont enfin dans le déni de leur propre devenir (angoisse de la déchéance symbolisée par la dépendance).

D’où l’importance pour les 50-65 ans de voir la vie du bon côté, de profiter de l’instant présent, au regard des expériences vécues et de ce qui reste à venir

*1 934 individus représentatifs des Français, âgés de 50 à 65 ans ont été interrogés sur 6 thématiques : activités et styles de vie ; la perception de leur âge ; les événements de vie ; la dépendance ; les relations intergénérationnelles et la transmission du patrimoine. 326 d’entre eux font partie du panel longitudinal. Ils seront suivis jusqu’en 2014 sur des thèmes récurrents (activités et styles de vie, perception de l’âge, satisfaction de la vie, événements de vie, préparation de la transmission du patrimoine, comportements financiers de prévoyance).

Lien vers la première partie

Publié le 23/09/2011 à 11:03 | Lu 2253 fois