Et si vous profitiez du premier test de dépistage des troubles de l’audition par téléphone ?

Alors que six seniors sur dix sont n’entendent plus correctement, l’association France Presbyacousie vient de lancer une nouvelle campagne de dépistage des troubles de l’audition… Depuis le 27 janvier 2009, vous pouvez profitez du premier test de dépistage des troubles de l’audition par téléphone. Totalement anonyme, alors essayez !


Et si vous profitiez du premier test de dépistage des troubles de l’audition par téléphone ?
L’expression emblématique des malentendants prêtant l’oreille pour comprendre des paroles dans un bruit de fond est souvent le premier signe d’une perte d’audition qui survient chez un proche ou un parent.

Après cette phase initiale de gêne, si les difficultés grandissent, le malentendant, au bout de quelques années, abandonne jusqu’à l’idée de communiquer dans le bruit.

La souffrance psychologique est réelle et un sentiment d’exclusion sociale s’installe. Agir dès les signes annonciateurs permet un diagnostic et une prise en charge d’autant plus efficace que précoce. Mais encore trop peu répandue puisque, en France, seulement 20% des malentendants sont aujourd’hui diagnostiqués et appareillés.

Dans ce contexte, l’association France Presbyacousie veut contribuer à prévenir et limiter ces maux qui font de la perte d’audition un handicap qui isole et un tabou beaucoup plus mal vécu que la déficience visuelle.

Ainsi, depuis le 27 janvier, un premier dépistage par téléphone, simple et fiable, est proposé à tous ceux qui s’inquiètent ou s’interrogent sur une audition qui baisse. En appelant le 0892 790 791, il est désormais possible de faire évaluer ses facultés d’audition dans le bruit et de savoir, en l’espace de quelques minutes, si elles sont bonnes, insuffisantes ou mauvaises.

Développé par une équipe de chercheurs hollandais, validé dans le cadre d’un projet scientifique européen, ce test est déjà disponible dans plusieurs pays de l’Union européenne (Pays-Bas, Grande-Bretagne, Allemagne) où près de 600.000 personnes l’ont plébiscité.

Sur la base d’un appel anonyme et peu coûteux (0,34 € la minute) réalisé à partir d’un téléphone fixe, le dépistage « Hein ? » propose d’identifier 27 séries de trois chiffres énoncés dans un environnement sonore à intensité variable. Les utilisateurs valident les chiffres reconnus à l’aide de leur clavier de téléphone et obtiennent une évaluation instantanée de leur audition dans le bruit. Ce résultat permet d’inciter les malentendants –ceux qui s’ignorent et ceux qui hésitent- à engager une démarche de diagnostic auprès d’un ORL et à envisager des solutions adaptées si nécessaire.

Rappelons que selon le pré-rapport à la Loi sur les objectifs de Santé Publique d’avril 2003, près de 6 millions de personnes –soit 9% de la population- seraient atteintes de déficience auditive en France. Parmi elles, la majorité souffre de presbyacousie, liée au vieillissement naturel des facultés auditives : 60% ont plus de 55 ans.
 

Ce dépistage répond à un besoin de prévention à l’échelle nationale

Interview du Professeur Bruno Frachet, chef de service à l’hôpital Avicenne de Bobigny et président de France Presbyacousie.

Qu’est-ce qui a conduit votre association à mettre en place un dispositif de dépistage par téléphone ?

Bruno Frachet : ce test nous permet d’aller plus loin dans notre mission d’information sur la presbyacousie. Trois ans durant, nous avons financé un Audiobus qui a sillonné la France pour informer et dépister sur le terrain. Nous sommes rentrés en contact avec plus de 6.000 personnes dans 55 villes –ce fut une expérience incroyablement stimulante qui a révélé tout le besoin d’information et de prévention en la matière.

En 2006, les visiteurs de notre Audiobus ont rempli plus de 1.300 questionnaires. Les résultats parlaient d’eux-mêmes : la majorité d’entre eux étaient conscients de leurs problèmes d’audition avant même de se faire dépister, mais seulement 10% s’étaient vus proposer une prothèse auditive et un sur six était équipé ! C’était bien la confirmation qu’il fallait agir à un niveau national, et pas seulement local.

En quoi le test par téléphone répondait-il à ce besoin ?

Bruno Frachet : il y répond d’abord parce qu’il s’adresse au plus grand nombre, et ensuite parce qu’il se fonde sur une évaluation de l’audition dans le bruit. Or c’est justement ce problème qui était le plus souvent cité par les visiteurs de l’Audiobus.

Quelles sont les garanties de ce test ?

Bruno Frachet : d’un point de vue technologique, il est validé et fiable –il a d’ailleurs fait ses preuves à l’étranger ! D’un point de vue pratique, il se résume à un geste anonyme, confidentiel et rapide –ce qui est idéal pour concerner les « malentendants débutants » qui hésitent souvent à aller au devant d’un diagnostic chez le médecin.

Ce test peut-il justement améliorer la prise en charge ?

Bruno Frachet : on l’espère bien, tout en sachant qu’il ne fera pas de miracle ! Ce n’est qu’un outil de prévention : il doit inciter les personnes concernées à faire établir un diagnostic par un ORL mais il ne se substitue en aucun cas à ce diagnostic. D’après les études menées en Hollande où le test existe depuis 2004, la moitié des personnes qui obtiennent un « mauvais résultat » vont voir un praticien dans la foulée. C’est un signe encourageant.

Cette campagne peut-elle également aider à mieux faire connaître les problèmes d’audition ?

Bruno Frachet : c’est son deuxième objectif. Les problèmes auditifs sont encore trop souvent perçus comme de vrais tabous et génèrent dans certains cas des situations d’exclusion sociale. C’est pour cela que l’on a donné un ton délibérément dédramatisant à la campagne de lancement. C’est pourquoi il était également important qu’elle soit relayée et diffusée auprès du plus grand public.

Publié le 05/02/2009 à 19:41 | Lu 9129 fois