Douleurs neuropathiques : des douleurs mal connues et sous diagnostiquées…

6,9% des Français souffrent de douleurs neuropathiques sans le savoir. Certains symptômes caractéristiques doivent pourtant alerter. Apprendre à les dépister, c’est améliorer la prise en charge du patient. Dans ce cadre, Pfizer lance une campagne grand public dans les cabinets médicaux et les officines.





Douleurs neuropathiques : des douleurs mal connues et sous diagnostiquées…
Les douleurs neuropathiques communes mais mal connues

La douleur neuropathique est une douleur chronique. Elle peut résulter d’une lésion au niveau des nerfs qui normalement sont chargés de détecter la douleur, ou d'une atteinte du système nerveux central qui assure la transmission des signaux de la douleur, comme la moelle épinière ou le cerveau.

Elle constitue souvent une complication d’une maladie ou d’une chirurgie et peut persister longtemps après la guérison de la cause initiale, comme dans le cas du zona par exemple. En fonction de l’origine des nerfs lésés, on distingue la douleur neuropathique périphérique (nerfs périphériques) et la douleur neuropathique centrale (moelle épinière ou cerveau).

Atteinte du nerf périphérique

Les causes de la douleur neuropathique périphérique sont multiples. Les plus fréquentes sont le diabète (neuropathie diabétique) et le zona (névralgie postzostérienne). La prévalence de la neuropathie diabétique serait proche de 50% lorsque l’ancienneté du diabète atteint ou dépasse 25 ans et celle des douleurs post-zostériennes serait de 10 à 15%.

Les radiculalgies liées aux lombosciatiques sont également très fréquentes.

Les autres causes sont l’infection par le VIH, le cancer (ou son traitement), les traumatismes, les interventions chirurgicales (d’une hernie discale par exemple), une amputation (« membre fantôme »)…

Atteinte du système nerveux central

Parmi les causes les plus fréquentes, on peut citer : un traumatisme médullaire, l’accident vasculaire cérébral, la sclérose en plaques, les tumeurs du cerveau ou de la moelle épinière, la maladie de Parkinson…

Des signes qui doivent alerter…

Le premier critère important à prendre en compte et qui permet également de différencier une douleur neuropathique est qu’elle ne répond pas aux antalgiques usuels, notamment aux anti-inflammatoires. De nombreuses personnes atteintes d’une douleur neuropathique ne la décrivent pas comme une douleur. Elles parlent plutôt d’une sensation de brûlure, une impression d’étau, d’arrachement sur lequel se greffent des accès de douleurs fulgurantes (paroxystiques) à type de coups de poignard, de chocs électriques associés à des sensations bizarres, souvent très désagréables, comme des picotements, des fourmillements, des engourdissements… Parfois, le moindre effleurement à un endroit indemne de toute lésion, peut provoquer une douleur insupportable (hyperesthésie).

Les malades ressentent ces sensations de façon quotidienne, parfois pendant des années. Naturellement, à la longue, ces douleurs ont des répercussions importantes sur la qualité de vie et s’accompagnent fréquemment d’insomnie, d’anxiété ou de dépression.

Des douleurs fréquentes, chroniques, souvent d’intensité sévère

Il existe peu d’études épidémiologiques en France concernant les douleurs neuropathiques. L’étude de référence est l’enquête épidémiologique STOPNEP (STudy Of Prevalence of Neuropathic Pain), initiée par Pfizer en 2007. Cette enquête de grande ampleur (sur plus de 20.000 personnes) visait à mesurer la prévalence des douleurs neuropathiques dans la population générale.

Les résultats montrent que parmi les 31,7% de personnes souffrant de douleurs chroniques, 21,7% ont des douleurs neuropathiques. Plus du quart (25,6%) des personnes se plaignant de douleurs chroniques d’intensité modérée à sévère ont des douleurs neuropathiques. La prévalence, dans la population générale, des personnes souffrant de douleurs chroniques neuropathiques s’établit à 6,9% : 5,1% souffrant de douleurs d’intensité modérée à sévère.

Les femmes sont plus touchées que les hommes (60, 5%) et les douleurs augmentent avec l’âge avec un pic entre 50 et 64 ans. La majorité des participants présentant des caractéristiques neuropathiques (78,4%) a signalé plusieurs zones douloureuses. De manière générale, ces douleurs sont plus gênantes, plus prononcées et plus anciennes que les douleurs non neuropathiques.

Les douleurs neuropathiques, une douleur chronique qui se soulage

Associées à une lésion du système nerveux, les douleurs neuropathiques ne sont que peu ou pas soulagées par les antalgiques simples et les anti-inflammatoires. Le traitement médicamenteux repose en première intention sur l’utilisation des antidépresseurs tricycliques, de certains antiépileptiques. La posologie est instaurée progressivement et le traitement doit être poursuivi au minimum six mois. Les opioïdes forts et certains patchs antidouleurs peuvent aussi être prescrits en seconde intention.

Parmi les traitements non médicamenteux, on peut citer la relaxation, la neurostimulation électrique transcutanée… Quant aux solutions chirurgicales, elles sont réservées aux douleurs résistantes aux autres traitements.

Un outil d’aide au diagnostic validé : le DN4

Afin de faciliter l’identification et le dépistage des douleurs neuropathiques, la Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur (SFETD) en partenariat avec le laboratoire Pfizer, a mis au point un outil d’aide au diagnostic, le DN4.

Le DN4 est aujourd’hui devenu une référence internationale (il a été traduit en plus de vingt langues). Il s’agit d’un questionnaire en dix items (sept sur les caractéristiques de la douleur et trois sur les données de l’examen clinique) : brûlure, sensation de froid douloureux, décharges électriques, fourmillements, picotements, engourdissement, démangeaisons, hypoesthésie au tact, hypoesthésie à la piqûre et hyperesthésie au frottement.

Un score d’au moins quatre réponses positives permet d’orienter vers le diagnostic de douleur neuropathique. Par sa fiabilité et son extrême simplicité, le DN4 est très utile pour la pratique quotidienne. L’enjeu est d’autant plus grand que les douleurs neuropathiques réclament un traitement spécifique qui diffère de celui des douleurs nociceptives (inflammatoires).

Améliorer le dépistage, c’est diminué les coûts de santé

De nombreux patients doivent consulter plus d’un médecin avant que leur douleur ne soit diagnostiquée comme douleur neuropathique et cela a un coût, comme l’a montré l’enquête ECONEP, menée en 2007 et soutenue par Pfizer.

Cette enquête a porté sur les coûts de la prise en charge thérapeutique de 116 patients souffrant de douleur neuropathique avant leur prise en charge spécialisée. Les résultats de l’enquête montrent que dans leur parcours des douze derniers mois, la plupart des patients ont vu leur généraliste (62%), puis le neurologue (44%). Les consultations paramédicales ont été nombreuses. Les traitements non médicamenteux concernent la rééducation fonctionnelle et la neurostimulation.

De nombreux examens complémentaires ont été réalisés : IRM, radiographies, scanner, prélèvements sanguins…Un patient sur cinq a été hospitalisé. La consommation médicale directe a généré un coût total moyen par patient et par an de près de 7.000 euros.

Il apparaît ainsi que les patients qui souffrent de douleurs neuropathiques ont eu souvent, durant les douze mois précédant la consultation spécialisée, des parcours désorganisés avec pour certains, des étapes inutiles. Un certain nomadisme transparaît avec des hospitalisations dans des milieux inadaptés et des soins paramédicaux peu spécifiques.

La part prévalente des examens complémentaires, des traitements non pharmacologiques et des hospitalisations, mise en évidence dans cette étude traduit directement le déficit diagnostique et thérapeutique dont peuvent pâtir les patients souffrant de telles douleurs. L’harmonisation des pratiques, la précocité du diagnostic et l’utilisation des médicaments adaptés aujourd’hui disponibles doit conduire à une amélioration de l’état de santé de ces patients et à une économie sensible de leur prise en charge.

Les douleurs neuropathiques, l’affaire de tous les professionnels de santé

Les médecins généralistes et les pharmaciens d’officine sont en première ligne pour dépister les patients souffrant de douleurs neuropathiques. De nombreuses douleurs neuropathiques restent non diagnostiquées dans la mesure où les symptômes ne se traduisent pas forcément par une douleur bien précise. Le patient a du mal à exprimer ses symptômes, il a parfois peur de ne pas être compris… Médecins, pharmaciens doivent donc être très attentifs aux plaintes des patients. Les praticiens de différentes spécialités (neurologie, diabétologie, rhumatologue ou cancérologue...) sont également amenés à identifier et à prendre en charge les douleurs
neuropathiques.

Toute la difficulté est de ne pas passer à côté de ces douleurs particulières, d’autant que nombre de douleurs chroniques sont mixtes à composante à la fois inflammatoire et neuropathique.

Un site internet www.douleurnonidentifiee.com sur la douleur neuropathique.

Ce site pratique et pédagogique apporte de nombreuses informations au grand public : symptômes, traitements, associations, … Les patients peuvent lire les témoignages de personnes souffrants de ce type de douleurs mais surtout remplir un questionnaire d’auto-dépistage en ligne qui les aidera ensuite à en parler au médecin

Article publié le 20/05/2010 à 07:01 | Lu 61325 fois