Digital Ageing : vers une société sans âge...

Le schéma de vie classique et bien défini (formation, travail et retrait social par le départ à la retraite) est sur le point de disparaître. En effet, Swiss Life a mandaté l’institut Gottlieb Duttweiler (GDI) qui a analysé cette évolution. L’enquête publiée l’année dernière a posé les bases scientifiques de la nouvelle campagne « Apprentis retraités ».


Disparition du terme de vieillissement

Ce terme est utilisé pour désigner le passage du développement personnel à la préservation des acquis. Sur la base de cette définition, on peut tirer les conclusions suivantes:

• Nous vivons toujours plus longtemps et restons jeunes toujours plus longtemps.
 
• L’allongement de l’espérance de vie décale le moment de ce passage du développement à la préservation.
 
• L’augmentation du nombre de seniors orientés vers le développement rend peu à peu caduc le terme de vieillissement tel que nous le connaissons.
 
Vision conservatrice des jeunes quant à l’âge

Dans le cadre de l’étude GDI, on a demandé à 1000 personnes âgées de 20 à 80 ans quelle était leur vision de la vie de senior. Il en ressort d’étonnantes différences selon l’âge des sondés.
 
• Les jeunes ont une vision de la vieillesse plus conservatrice que les personnes à la retraite. Ils nourrissent des clichés sur l’âge qui remontent à la société industrielle de nos grands-parents. Les retraités d’aujourd’hui sont à l’inverse déjà bien plus dans un processus de vieillissement numérique.
 
• L’idée pessimiste que les jeunes se font de la vieillesse est diamétralement opposée à l’optimisme général qui règne chez les retraités. Désormais, les retraités considèrent de plus en plus le départ à la retraite comme une chance de prendre un nouveau départ.
 
• Les jeunes estiment qu’avec l’âge, les objectifs de préservation deviennent plus importants que ceux de développement, tandis que les personnes déjà à la retraite accordent la priorité aux objectifs de développement. Cela s’observe en particulier dans la question de l’attachement au couple, à la famille et au logement, que les jeunes s’imaginent comme central. A l’inverse, pour les personnes à la retraite, formation et engagement bénévole s’avèrent bien plus importants que ne le pensent les jeunes.

Les quatre profils d’âge

Sur la base de ce constat, l’étude GDI a dégagé quatre profils d’âge et envisagé pour chacun un scénario d’avenir :

Les rebelles
Les Rebel Ager font voler en éclats les stéréotypes de l’âge et nous font revoir notre conception de la vieillesse. Ils ont recours aux nouvelles technologies, mais uniquement pour profiter davantage du monde analogique. Les Rebel Ager veulent enfin faire tout ce qu’ils n’ont pas eu le temps de faire avant. S’ils ont un but concret, ils peuvent réaliser de remarquables performances. Leur potentiel social peut constituer un véritable enrichissement pour la société toute entière.
 
Grands consommateurs, avides de connaissances et de voyages et soucieux de leur santé, les Rebel Ager sont des clients très prisés. Ils délaissent les traditions et valeurs communes qui ne leur semblent pas contemporaines. L’accomplissement personnel est l’objectif suprême du Rebel Ager, l’argent n’est que secondaire.
 
Les sans-âge
Les Ageless Ager aspirent à l’immortalité. La vie éternelle signifie pour eux que l’évolution infinie est possible. Pour y parvenir, ils ont recours à toutes les aides et avancées techniques permettant de repousser les limites du corps humain. On ne saurait estimer au premier coup d’œil l’âge d’un Ageless Ager. Une des missions essentielles de ce profil d’âge est de découvrir de nouveaux mondes permettant à leur tour de nouvelles expériences.
 
Du fait de leur immortalité, les Ageless Ager sont extrêmement intéressants pour la science et peuvent donc être précieux pour la société. Toutefois, l’immortalité aggrave encore la raréfaction des ressources. En outre, une société sans âge risque aussi de devenir rigide et immobile. Les Ageless Ager vivent dans un scénario de science-fiction dont on ne saurait dire dans quelle mesure il va se réaliser.
 
Les conservateurs
Les Conservative Ager incarnent le troisième âge classique, comme on le connaît. Conscients du devoir, ils essaient de conserver aussi longtemps que possible leurs facultés. Les Conservative Ager ont un objectif modeste : être heureux et vivre en harmonie avec leur entourage. Ils préfèrent une satisfaction constante à des instants d’intense bonheur. Maintenir le statu quo est pour eux rassurant.
 
Ils sont des personnes de confiance pour s’occuper des petits-enfants, auxquels ils transmettent leurs valeurs traditionnelles et un certain ancrage dans un monde numérique ultra rapide. Question politique, les Conservative Ager sont axés plus tradition et conservatisme que modernisation. Selon leur orientation politique, ils peuvent être perçus comme un frein à l’innovation ou comme les garants de la stabilité sociale.

Les planificateurs
A l’instar des Conservative Ager, les Predictive Ager tiennent à maintenir le statuquo, mais recourent toutefois aux technologies les plus modernes pour atteindre leurs objectifs. Ils enregistrent leurs données de santé à l’aide d’applications, afin d’en déduire prévisions et recommandations. Ils sont très enclins à vendre leurs données à des entreprises qui les évaluent et leur soumettent des propositions visant à améliorer leur mode de vie.
 
L’utilisation des données de santé constituent un défi pour les responsables politiques. Des conflits pourraient naître entre les Conservative Ager s’ils cherchent à savoir qui a vécu plus sainement que l’autre et a donc droit à plus d’argent.

Publié le 29/01/2016 à 01:00 | Lu 1263 fois