Des services innovants sur tablette tactile dans les logements adaptés aux seniors

Icade, acteur national du marché immobilier dans les domaines de la santé et du médico-social et Webinage, éditeur d’applications visiophoniques et téléphoniques pour le lien social entre les générations viennent d’annoncer un partenariat national pour l’équipement de logements adaptés aux enjeux du « bien vivre » à domicile pour les personnes âgées.





Ce partenariat doit permettre de mettre au cœur de chaque nouveau logement adapté, une tablette tactile qui aura pour but de simplifier : les liens vers l’entourage familial et amical ; la convivialité au sein de la résidence, avec notamment, des fonctions de conciergerie pour assurer l’animation, l’information et les échanges ; la vie quotidienne avec l’accès facilité à des commerces, animations et services de proximité ; et enfin, l’accès personnalisé à des contenus interactifs.

Le point avec le directeur de la recherche, Pôle médico-social Icade et chercheur à l’Université Lyon 3, Pierre-Marie Chapon qui travaille sur le thème du vieillissement de la population française et de l’adaptation nécessaire de l’habitat, des pratiques urbaines et des services de proximité.

Il a contribué au choix de Webinage comme la « brique technologique évolutive, personnalisable aux besoins des utilisateurs et non stigmatisante » des futurs logements adaptés du groupe Icade. Une brique qu’il voit comme un outil au service d’un habitat et d’un territoire repensé à l’aulne du vieillissement de la population française.

Vous êtes à la fois dans le monde de la recherche et dans le monde de l’entreprise, quelle est la cartographie de votre parcours ?

Quand je suis arrivé dans le groupe Icade, je cherchais un projet de thèse. Etudier le vieillissement de la population m’a paru être un thème intéressant et un projet gagnant-gagnant car, si la recherche peut aider l’entreprise, l’inverse est vrai. Mon travail se focalise sur la relation des usagers à leurs territoires de vie. J’étudie comment les personnes âgées se déplacent, ce dont elles ont besoin, les contacts qu’elles maintiennent pour mieux comprendre ce qu’est leur territoire de vie et ce qu’elles en attendent. Je mène aussi un travail sur la gouvernance territoriale : comment faire en sorte que tous les acteurs du développement territorial dialoguent mieux ensemble car, paradoxalement, ce n’est pas le cas actuellement.

Qu’attendent les personnes âgées de leur territoire de vie ?

J’ai envie de dire : « d’y rester le plus longtemps possible » ! Un tiers des personnes de plus de 90 ans sont autonomes et ont envie de continuer à vivre dans un environnement connu, où elles vont conserver leurs repères, leurs relations, leurs habitudes. Mais encore faut-il que cet environnement et leur logement soient adaptés à leurs problématiques. En France, nous avons un gros problème : nous faisons dans le curatif, pas dans la prévention. L’ultime étape de ce parcours sous l’angle curatif est le placement en EHPAD, qui répond à une urgence et pas à un choix de vie puisque les personnes âgées veulent majoritairement rester chez elles. Chaque année, 100 000 personnes âgées sont hospitalisées suite à une chute. Et un tiers de ces hospitalisés rejoignent une maison de retraite. Faire une politique de prévention, c’est développer du logement adapté dans des environnements géographiques favorables, c’est à dire à proximité immédiate des commerces, services et transports en commun. Nous avons démontré que la présence de services de proximité pousse les personnes âgées à sortir et limite leur isolement. C’est pour cela que le problème du vieillissement dans des zones périurbaines va être plus lourd à gérer. Dans ces zones, une personne qui ne peut plus conduire se retrouve vite isolée.

Que préconisez-vous pour répondre à cette demande de vivre chez soi ?

En France, 6% seulement des logements sont adaptés aux besoins des personnes âgées. Nous avons un besoin urgent de réaliser 100.000 logements adaptés, avec des équipements allant de la douche à l’italienne à la porte électrique à l'entrée de l'immeuble. Il faut aussi proposer des services en matière d'accueil, de sécurité et de bien-être. L'avenir, c'est le logement adaptable, qui convienne aux jeunes comme aux personnes âgées et dans lequel on peut rester, sans césure, au prix d'aménagements prévus dès la conception et dont le coût n'est alors pas rédhibitoire. Evidemment, ces logements doivent être au cœur de territoires de vie, avec des commerces, des cabinets médicaux, des transports en commun, des accès piétonniers, des bancs, des écoles pour que les personnes âgées côtoient des familles. En fait, ce qui est un plus pour les plus âgés l’est souvent pour des familles avec de jeunes enfants…

Après avoir fait une étude de marché, Icade a choisi Webinage comme solution technologique à intégrer à ces logements adaptés au maintien à domicile des personnes âgées. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Nous pensons qu’il y a un besoin de technologies de l’information et de la communication pour faciliter la vie quotidienne. Nous avons en revanche constaté l’échec des ordinateurs conçus pour les personnes âgées. Nous cherchions donc un outil non stigmatisant. Webinage sur tablette, c’est une technologie pour tous avec une interface adaptée. Nous souhaitions également, et c’était un critère important, une brique technologique évolutive et personnalisable aux besoins du client, qu’il s’agisse d’un bailleur ou d’une résidence service. Bref, un peu comme le logement, un outil flexible et adaptable en fonction des problématiques rencontrées…

Quels usages entendez-vous développer ?

Comme Webinage est un outil qui peut intégrer des demandes spécifiques, je pense que les usages viendront aussi du terrain. Mais je crois à des bouquets de services proposés par les commerces de proximité, des informations ou des animations diffusées via la tablette par la Mairie par exemple, l’intégration d’un peu de domotique comme la commande automatique de la fermeture de volets roulants mais aussi de certains éléments de sécurisation… Le bénéfice attendu est essentiellement en termes de confort pour contribuer à un bien être dans son logement, au sein d’un quartier. Il faut laisser bien sûr Webinage à sa place d’outil : les services de proximité doivent avant tout se traduire par une présence physique dans un territoire de vie recentré.

Propos recueillis par Nathalie Cuvelier

Article publié le 07/06/2012 à 06:00 | Lu 2739 fois