Des seniors qui se sentent plus jeunes de 5 à 15 ans

Voici un grand classique des études sur les seniors et l’âge. En effet, CCMO Mutuelle vient de publier la deuxième édition de son Baromètre de la santé des 58-68 ans qui montre que d’une manière générale, les seniors se sentent de 5 à 15 ans plus jeunes que leur âge réel. Par ailleurs, Mélissa Petit, docteur en sociologie spécialisée dans l’étude des seniors a dégagé trois grands profils de cette étude : les « mesurés », les « souriants » et les « prévoyants ».


D’une manière générale, ce baromètre montre que les seniors sont heureux de vivre et qu’ils se considèrent en bonne santé : ainsi, une large majorité (88%) des seniors s’estime en bonne santé. Pour entretenir cette « bonne santé », les deux-tiers (67%) mangent plus sainement et limitent les excès (60%) mais une petite moitié (47%) maintient aussi une vie sociale et pratique une activité sportive (46%).
 
Par ailleurs, 89% de seniors se sentent mentalement et physiquement plus jeunes que leur âge (un grand classique que montrent toutes les études depuis des années) : De fait, 70% disent se sentir plus jeunes. En moyenne, ils se donnent entre 5 et 15 de moins (là encore, les chiffres sont les mêmes d’années en années).
 
« L’âge réel correspond à l’âge chronologique alors que l’âge perçu est celui que l’individu considère subjectivement être le sien. Il le construit à partir de son expérience, des questions suscitées par la conscience de son vieillissement, mais aussi du rapport que la société entretient avec l’âge. Les médias et les publicités influencent également ce décalage avec l’injonction d’un jeunisme ambiant. Le jeunisme introduit une vision péjorative de l’âge et valorise la jeunesse de manière excessive au point de devenir un modèle obligé », précise Mélissa Petit.
 
D’autre part, la quasi-totalité des sondés, 93%, déclare « bien vieillir », c’est-à-dire « prendre du bon temps », « avoir une vie sociale et de l’argent », « être entouré » et « faire que ce qui nous intéresse ».
 
Les mesurés : pour 47% de ces seniors, les premières années de retraite sont plus difficiles que pour les autres. Sans être en rupture totale avec les autres répondants, ils sont, sur un grand nombre de sujets, plus négatifs que la moyenne et moins engagés dans les différents loisirs/activités qui s’offrent à eux. Une retraite moins bien préparée, une certaine distance à la santé, un rapport à l’autre nouveau et plus difficile à (re)constituer. Ils sont plus nombreux à déclarer s’ennuyer davantage qu’avant la retraite (26%) et à estimer que leur retraite se passe mal (12%).
 
« Les mesurés, volontiers issus de la classe moyenne, en moins bonne santé que les autres seniors, montrent une tempérance dans leur vie quotidienne et une distance par rapport à la vie sociale. Ils mettent en évidence qu’être retraité s’apprend, se négocie et que tout n’est pas spontanément simple et évident… », souligne Mélissa Petit.
 
Les souriants : ce groupe représente 31% des répondants. Ses caractéristiques principales sont une préparation de la retraite très en amont. Ils se considèrent en bonne santé et accordent une grande importance à leur bien-être physique et mental. Ils mettent tout en œuvre pour satisfaire leurs besoins et envies de jeunes retraités. Pour eux, la retraite est vécue comme une opportunité de vie, une seconde jeunesse, pour réaliser des projets, prendre du temps pour soi et pour les autres. Leur retraite se déroule très bien (76% contre 45% en moyenne), ils sont bien dans leur tête et dans leur corps.
 
« Pour les souriants, la retraite est le moment de la liberté retrouvée. Maîtres de leur quotidien, la diversité les anime. Ils décident de leur vie à la retraite et ne veulent pas que d’autres la détermine à leur place » ajoute Mélissa Petit.
 
Les prévoyants : ce groupe représente 22% des répondants. La plupart sont encore en activité, semblent disposer de moyens confortables et commencent à préparer leur retraite en amont (au moins 1 à 3 ans). Ils sont assez mesurés dans leurs propos (beaucoup de réponses dans les catégories « plutôt ») et, même si la retraite est un moment attendu avec impatience, ils sont des gestionnaires qui prennent le temps d’analyser : ils pèsent le pour et le contre avant de s’engager.
 
« Les prévoyants sont dans l’anticipation, notamment le financier et la complémentaire santé sur lesquels ils peuvent agir, qui peut aussi s’assimiler à de l’inquiétude face à l’incertitude du monde du travail en fin de carrière (une personne sur deux est en situation de chômage avant son passage en retraite - Dares, 2013) et du niveau des pensions », indique Mélissa Petit.

​Qui sont les 58-68 ans interrogés ?

Dans l’échantillon national représentatif composé de 600 personnes, 44% sont actifs, 54% sont retraités et 2% sont inactifs. Leur présence géographique sur le territoire reflète celle des Français en général. Globalement, ils vivent plutôt en couple (70%) que seuls (30%) et 87% d’entre eux ont des petits-enfants (de moins de 11 ans pour une grande majorité), qu’ils gardent de temps en temps. Ces différentes situations familiales peuvent avoir un impact sur l’expérience vécue du bien vieillir et la manière dont on envisage sa retraite. Il s’agissait d’un questionnaire d’une dizaine de minutes est administré entre le 27 avril et le 15 mai 2017.

Publié le 31/07/2017 à 01:00 | Lu 3200 fois