Dancing Grandmother : les grands-mères sud-coréennes à l'honneur

Alors que le spectacle Dancing Grandmother de la chorégraphe sud-coréenne Eun-Me Ahn tourne actuellement au Canada dans le cadre du 9ème Festival Transamériques (FTA), revenons sur cet étonnant ballet qui rend un superbe hommage aux grands-mères coréennes qui rejoignent sur scène les jeunes danseurs de la troupe.


Ce spectacle a été créé à l’origine en 2011 à Séoul mais l’idée de cet étonnant ballet est née en 2010 en Corée du sud. A l’époque, Eun-Me Ahn (véritable star dans son pays avec son incontournable crâne rasé) était sur les routes de son pays à bicyclette… Au fil de ses rencontres, elle a proposé à des femmes de 60 à 90 ans (campagnardes pour la majorité ; qui ont vécu l’occupation nippone et la guerre de Corée dans les années 50) de danser sur les rythmes qui avaient bercés leur jeunesse.
 
Comme l’indique la chorégraphe sud-coréenne (quinquagénaire) : « j’appelle cela l’anthropologie des  corps. Vous savez, cette génération de femmes ne pensait pas vivre aussi longtemps ; et aujourd’hui, elles doivent faire face à cette réalité. Et la société aussi d’ailleurs ! A l’époque, elles n’avaient aucun droit et devaient lutter pour survivre et protéger leurs enfants. Ce sont des corps très forts dans la société coréenne. Et j’ai voulu les faire venir sur ma scène ! ».
 
Et Eun-Me Ahn de poursuivre : « elles étaient heureuses d’être encore capables de danser et heureuses que quelqu’un leur ait demandé de le faire. Leurs danses étaient si naturelles et si vivantes qu’elles ont entraîné́ dans leur mouvement les jeunes danseurs professionnels de ma troupe. Chacun de leurs gestes reflétait la rudesse de leurs conditions de vie. (…) Les corps ridés de ces grands-mères étaient comme un livre où aurait été consigné des vies vécues depuis plus d’un siècle. »
 
Au fur et à mesure, ces rencontres dans la Corée du sud rurale ont inspiré à la chorégraphe ce spectacle qui se déroule en deux parties. La première met en scène les neuf jeunes danseurs de sa troupe sur des musiques contemporaines. C’est dans la seconde partie qu’une quinzaine de grands-mères se produit sur les tubes de leur jeunesse accompagnées, parfois, de la troupe. Ce spectacle est tout simplement jubilatoire.
 
« Quand je les informe qu’elles seront sur scène, poursuit la chorégraphe, elles me répondent qu’elles ne sont pas de bonnes danseuses ; je leur dit de ne pas s’en faire. Je ne leur apprends jamais rien. Je leur demande juste de porter ce qu’elles veulent et de suivre les danseurs qui aident à les mettre à l’aise. Elles n’ont pas à se rappeler de l’ordre des mouvements. Après coup, elles sont ravies et se sentent comme des reines ! Et elles rajeunissent ! ».
 
In fine, Dancing grandmothers est une véritable ode aux grands-mères de Corée du sud, mais aussi de toutes les mamies de la planète ! Rappelons que dans les années 2000, la chorégraphe Pina Bausch avait créé le spectacle Kontakhof dans lequel elle faisait danser des seniors.

Publié le 18/05/2015 à 03:20 | Lu 1134 fois