Cancer : ramollir les tumeurs en les chauffant pour mieux les traiter

La lutte contre le cancer est souvent entravée par la résistance des tumeurs et les dommages collatéraux qu’entrainent les traitements chimiothérapiques… Dans ce contexte, une équipe de chercheurs français* est parvenue à ramollir des tumeurs malignes en les chauffant. Ce procédé baptisé « nanohyperthermie » les rend plus vulnérables et donc, améliore les traitements.


De nos jours, les chercheurs se penchent de plus en plus sur les facteurs physiques qui influencent le développement des tumeurs. Rappelons que leur rigidification est due à l'organisation anormale des fibres de collagène et des matrices extracellulaires, ces molécules qui lient entre elles les cellules d'un même tissu.
 
En plus d'être un marqueur de malignité (donc de cancer), cette rigidification tumorale peut promouvoir la prolifération des cellules cancéreuses et la migration des métastases ! Sans compter que la matrice extracellulaire forme une barrière physique qui empêche la diffusion des agents thérapeutiques dans la tumeur.
 
Si les traitements cherchent à attaquer la structure même des tumeurs, ils restent confrontés au problème de l'ubiquité de la matrice : en réalité, cette dernière lie autant les tumeurs que les organes sains. L'affaiblir est donc à double tranchant. Avec les « dommages collatéraux » que l’on connait…
 
Les chercheurs sont toutefois parvenus à contourner ce problème -avec succès- chez des souris. Lors de deux séances réalisées à un jour d'intervalle, des tumeurs ont été chauffées à 52°C pendant trois minutes : on parle de nanohyperthermie. Elles se sont d'abord rigidifiées, avant de ramollir progressivement dans la dizaine de jours qui suivent le traitement.
 
Les scientifiques considèrent donc que cette technique dénature localement les fibres de collagène et réduit à long terme la rigidité et le volume des tumeurs. Elle déstructure le microenvironnement tumoral et pourrait ainsi servir de traitement adjuvant pour épauler les chimiothérapies. Bref, un nouvel espoir et un nouvel « outil » de lutte contre le cancer dans les années à venir…
 
Ces travaux ont été publiés le 1er janvier dans la revue Theranostics.
 
*du CNRS, de l'Inserm, de l'Université Paris Descartes et de l'Université Paris Diderot 

Publié le 04/01/2017 à 01:00 | Lu 1218 fois