Cancer : le surpoids augmente le risque de développer un second cancer

Une grande étude montre que la surcharge pondérale (surpoids et obésité) augmente le risque de développer par la suite un second cancer primaire, dont le cancer du sein après la ménopause. Des résultats qui soulignent l’importance des politiques de prévention visant à réduire la prévalence du surpoids et de l’obésité, qui touchent actuellement un adulte français sur deux.





Actuellement, en France, 27 à 32% des adultes sont en situation de surpoids, et 9 à 17% sont atteints d’obésité. Cette forte prévalence de la surcharge pondérale implique un renforcement des actions de prévention. La 3ème phase du Programme National Nutrition Santé (PNNS) 2011-2015 ainsi que le Plan Obésité 2010-2013 contiennent une série d’actions en faveur de la prévention et de la prise en charge de l’obésité.

La surcharge pondérale augmente le risque de plusieurs maladies (diabète, maladies cardio-vasculaires et respiratoires, cancers…). Dans le cas du cancer, l’évaluation des connaissances scientifiques dans le cadre d’une expertise collective internationale a établi un niveau de preuve convaincant pour l’augmentation du risque de cancer dans différents sites (œsophage, endomètre, rein, côlon-rectum, pancréas, sein après la ménopause) associée au surpoids et à l’obésité.

En France, environ deux millions de personnes ont des antécédents personnels de cancer. Cette population est en augmentation, du fait de la hausse de l’incidence des cancers et de l’amélioration de la survie après cancer. Les femmes ayant eu un cancer du sein (cancer le plus fréquent chez la femme : 53 000 nouveaux cas estimés en 2011) ont un risque de développer un second cancer primaire majoré de 15 à 25%. Les facteurs de risque identifiés sont le jeune âge au diagnostic, les prédispositions génétiques notamment pour les gènes BRCA1/2 et la radiothérapie. La surcharge pondérale, un facteur de risque modifiable, pourrait aussi être impliquée.

A la suite d’un travail d’expertise coordonné par l’Institut national du cancer (INCa), une collaboration internationale des chercheurs de l’Unité de Recherche en Epidémiologie Nutritionnelle (UREN) rattachée au Centre de recherche INRA de Jouy-en-Josas, avec une équipe de l’Imperial College à Londres, a permis d’évaluer la significativité et la force de l’association entre surcharge pondérale et risque d’un second cancer primaire.

La revue systématique de la littérature a été effectuée dans les bases de données bibliographiques PubMed et Embase. A partir des 3.329 résumés identifiés et examinés, 441 articles en texte intégral ont été analysés, et finalement 13 études prospectives pertinentes ont pu être incluses dans des méta-analyses. Les analyses par catégories d‘indice de masse corporelle (IMC = poids/taille au carré) montrent que, par rapport à l’IMC de référence, l’obésité au diagnostic d’un cancer du sein est associée à une augmentation significative du risque de seconds cancers.

L’augmentation est de 37% pour le risque de cancer du sein controlatéral, de 40% pour le cancer du sein, de 96% pour le cancer de l’endomètre et de 89 % pour le cancer colorectal. Une analyse montre que pour une augmentation de l’IMC de 5 unités (en kg/m²), correspondant par exemple au passage du poids normal au surpoids, ou du surpoids à l’obésité, le risque de second cancer du sein controlatéral augmente de 12%. Tout de même. Des analyses par sous-groupe et des analyses de sensibilité objectivent la robustesse de ce résultat. Pour la même augmentation de l'IMC, le risque de second cancer de l’endomètre augmente de 46%.

Article publié le 13/08/2012 à 14:51 | Lu 1401 fois