Alzheimer : fiabiliser le diagnostic

Alzheimer est la maladie neurodégénérative la plus fréquente au monde. Afin de traiter les personnes âgées le plus tôt possible et ralentir le développement de cette pathologie en pleine expansion compte tenu du vieillissement de la population, il convient de la diagnostiquer le plus rapidement possible. Problème, un tiers des diagnostics serait faux ! Raison pour laquelle il convient de fiabiliser le dépistage... Ce qui est en passe d'être réalisé.





En 2005, un groupe international de neurologues, coordonné par Bruno Dubois de l'Inserm, s'est réuni pour redéfinir les critères diagnostiques établis en 1984.
 
En effet, à l'époque, il fallait attendre… la mort d'un patient pour établir avec certitude qu’il était atteint d’Alzheimer !
 
Ce constat était effectué après un examen des lésions cérébrales du défunt. Naturellement, à l’époque et du vivant du patient, on ne pouvait évoquer qu'une probabilité d’Alzheimer ; et de plus, uniquement à un stade avancé de cette pathologie neurodégénérative.
 
En 2007, les chercheurs ont introduit de nouveaux critères de diagnostic, en particulier des biomarqueurs. Plus concrètement, il s'agit de véritables signatures de la maladie d’Alzheimer qui apparaissent dès les premiers symptômes.
 
La publication de ces résultats a constitué une révolution. Les médecins ont alors réalisé qu'avec ces nouveaux critères, « 36% de leurs patients inclus dans un essai thérapeutique sur la base d'anciens critères cliniques n'avaient pas la maladie d'Alzheimer », rapporte Bruno Dubois de l’Inserm. De fait, un certain nombre de malade n’a pas reçu le bon traitement et/ou la bonne prise en charge. De plus, la mauvaise sélection des patients a peut-être eu un impact sur l'absence d'efficacité du nouveau traitement qui a été observée.
 
Depuis 2007, de nombreuses études ont été publiées. Et le groupe international a décidé d'analyser cette littérature pour rendre plus simple et plus fiable l'algorithme de diagnostic de la maladie d'Alzheimer. « On est au bout du chemin, on arrive à l'essentiel, à quelque chose d'épuré, émanant d'un consensus international » poursuit le Pr Dubois. Le diagnostic de la maladie d'Alzheimer repose désormais sur « un seul couple de critère clinico-biologique pour tous les stades de la pathologie ».

Pour le profil clinique, trois situations existent :

. cas typiques (80 à 85% de tous les cas) : troubles de la mémoire épisodique à long terme (appelés syndrome amnésique de type hippocampique et correspondant par exemple à la difficulté de se rappeler d'une liste de mots même avec des indices)
. cas atypiques (15 à 20% des cas): atrophie de la partie arrière du cortex cérébral ou aphasie logopénique (trouble de la mémoire verbale où le patient répète un mot en inversant les syllabes par exemple) ou atteinte de la partie avant du cerveau (qui donne des troubles du comportement)
. états précliniques: asymptomatiques à risque (patients sans symptôme mais pour lesquels on découvre fortuitement dans le cadre d'études scientifiques qu'ils ont des biomarqueurs positifs) et présymptomatiques (ayant une mutation génétique)
 
L'un des deux biomarqueurs suivants est nécessaire :

. dans le liquide céphalorachidien (issu d'une ponction lombaire) : teneurs anormales de protéines cérébrales (en baisse pour la protéine bêta amyloïde et en hausse pour la protéine tau)
. dans le cerveau par neuro-imagerie TEP (tomographie par émission de positons) : rétention élevée du traceur amyloïde.

Cette étude a paru dans la revue scientifique The Lancet Neurology de juin 2014.

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Article publié le 08/07/2014 à 10:36 | Lu 1064 fois