Aliments-santé : le point avec l'Académie des technologies

Partant d’une étude approfondie des résultats récents apportés par l’utilisation des nouvelles technologies dans le domaine de la santé et de ses interactions avec l’alimentation, l’Académie des technologies conclut à l’émergence de nouvelles générations de produits et à l’importance de ce secteur pour l’économie française. Elle appelle par ailleurs à une modification de la réglementation en place pour permettre l’accélération de leur développement.





Certaines entreprises du secteur alimentaire produisent ou utilisent dans les formules de leurs produits des molécules ou des microorganismes (probiotiques) ayant des effets particuliers sur le métabolisme et la santé des consommateurs. L’Académie des technologies s’est penchée sur ces aliments à « effets physiologiques spécifiques » ou « aliments santé » (ndlr : certains parlent également d’alicaments). Elle a également analysé les progrès scientifiques récents dans ce domaine.
 
Plus concrètement, l’Académie estime que la plus prometteuse de ces percées pour les prochaines années, est la mise en évidence des multiples impacts du microbiote sur le fonctionnement de notre organisme (le microbiote est l’ensemble des bactéries installées dans notre intestin). Elle recommande donc aux pouvoirs publics de soutenir stratégiquement et financièrement la recherche française dans ce domaine.
 
Les progrès en nutrigénomique et nutrigénétique permettent par ailleurs de mieux relier génome et choix alimentaires à l’échelle individuelle. Enfin, les recherches en nutrition concernant des catégories particulières de consommateurs (personnes âgées par exemple) doivent conduire à des produits adaptés à leurs besoins spécifiques. Cela permettra de mieux les prendre en charge ; notamment les patients atteints de diabète, d’un cancer ou de la maladie d’Alzheimer. Toutes ces approches ouvrent la voie à une alimentation davantage personnalisée.
 
L’exploitation des données massives (ce que l’on nomme de nos jours les fameux « big data ») est de plus en plus pratiquée par l’industrie pharmaceutique (mais pas que par eux d’ailleurs) pour comprendre les interactions régissant les systèmes complexes, comme par exemple les relations liant génome et maladies. L’institution recommande d’utiliser ces techniques d’analyse pour mieux identifier les relations complexes entre aliments et paramètres biologiques liés à la santé. Ces données permettront la mise au point de nouveaux aliments à effets physiologiques spécifiques.
 
Par ailleurs, un dialogue constructif doit s'établir entre autorités européennes, milieux académiques et industriels pour faire évoluer une réglementation qui pénalise à la fois l'industrie et la recherche sur les aliments à effets physiologiques spécifiques. A cet égard, l’Académie recommande de réexaminer les critères d’évaluation des dossiers d’homologation des allégations de santé en s’inspirant des réglementations de la Food and Drug Administration américaine.
 
Enfin, une réflexion éthique est nécessaire. En particulier concernant une information honnête du consommateur et l’accès pour tous à des aliments davantage bénéfiques à la santé, mais plus coûteux.
 
Au-delà de tout cela, il convient de ne pas oublier que près d'un milliard d'individus dans le monde ne mangent pas à leur faim tandis qu’une proportion à peu près équivalente souffre de surpoids ou d'obésité…

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Article publié le 21/06/2016 à 02:51 | Lu 2271 fois